À un an des élections municipales, les 14 associations conventionnées de la ville critiquent vertement les coupes budgétaires qu'elles essuient.
Lettre ouverte, conférence de presse… Les associations toulousaines interpellent le maire de Toulouse sur ses choix budgétaires à leur encontre. Le 25 février dernier, le collectif Job et treize autres associations conventionnées avec le service de l’action socioculturelle de la commune, ont rendu publique une lettre adressée à Jean‐Luc Moudenc.
Les signataires, qui représentent près de 15 000 habitants, y dénoncent la baisse de 40 % des subventions municipales. Une coupe brutale qui « met en péril les missions que nous menons au quotidien auprès de la population », selon elles.
« Si la baisse annoncée des subventions venait à se maintenir, nous serions contraints de supprimer des emplois, d’amputer l’offre d’activités et la programmation, au détriment de tous et toutes et en premier lieu des plus vulnérables, préviennent‐elles. Cette réduction drastique des budgets, venant après plusieurs années d’érosion et une période d’après-crise sanitaire, démotive nos bénévoles et les équipes salariées, et pourrait entraîner la fermeture de structures. »
Le collectif Job (2 500 adhérents), par exemple, pourrait voir passer sa dotation municipale de 48 000 à 30 000 euros cette année. « A ce rythme, on ne tiendra même pas deux ans et demi », s’inquiète une membre de la structure.
La LDH bientôt à la rue ?
Si certaines associations doivent jongler avec leurs budgets dégradés, d’autres risquent tout simplement de perdre leur local municipal. C’est le cas de la section locale de la Ligue des droits de l’homme, qui occupe depuis 2011 un local de 30 m² dans un immeuble appartenant à la mairie dans le quartier des Carmes.
Souhaitant mettre son bien en vente, la collectivité a demandé à l’association d’aller voir ailleurs, sans lui proposer de solution de relogement équivalente. Au fil des mois, les échanges se sont durcis et la mairie a renvoyé l’association vers le marché locatif privé.
“À la différence des autres associations, la LDH considère que c’est à nous de les loger et gratuitement, s’est étonné Sacha Briand, cité par La Dépêche. Quand une association a peu de moyens, on fait des efforts, mais là, ce n’est pas le cas.” Difficile pourtant pour cette association de 300 membres de louer un local privé avec un budget annuel de seulement 7 000 euros. Il est courant par ailleurs que la mairie prête gratuitement des locaux, comme nous avons pu le vérifier auprès de plusieurs associations de la ville (ASCM, Animation bas d’immeuble, Centre social bagatelle et l’Association Negreneys Curie).
Pour la LDH, cette expulsion illustre le virage autoritaire de la municipalité vis‐à‐vis des associations. « Ces dernières années, on constate une augmentation des entraves aux libertés associatives à Toulouse. Cette tendance semble s’accélérer et viser toute association qui s’exprime de manière critique sur les choix de l’actuelle majorité municipale. La décision de ne plus poursuivre la mise à disposition de locaux permanents à la LDH s’inscrit dans cette logique », déplore Caroline Mourgues, co‐présidente.
La réponse de la municipalité
Si le maire de Toulouse n’a pas daigné répondre en personne à la LDH, il a pris la plume pour répondre à la lettre ouverte du collectif associatif. Dans une missive recyclant les éléments adressés quelques jours plus tôt aux usagers inquiets des centres culturels, l’édile rappelle la responsabilité de l’État qui « impose des restrictions financières aux collectivités ».
Assurant que la municipalité a dû elle‐même réduire ses dépenses, il affirme que « les associations du secteur socioculturel ne peuvent échapper à ces mesures, qui nous demandent de repenser l’offre proposée, ainsi que d’accentuer la mutualisation des moyens ».
« Il eut été insincère et irresponsable, voir mensonger de notre part de faire comme si de rien n’était et de prévoir des budgets correspondant à l’enveloppe habituelle, au risque de ne pouvoir ensuite, en cours d’année, assurer le paiement de nos engagements », poursuit‐il, tout en promettant « d’alléger les contraintes actuelles » quand « les capacités financières réelles de la collectivité » seront connues.
Sa correspondance s’achève sur l’accusation d’une récupération politique de la situation, affirmant que certains opposants « ne défendent ni la culture ni les activités de proximité », mais cherchent uniquement à « susciter une vaine polémique ».
Pas de quoi apaiser les associations qui appellent à manifester devant le Capitole, jeudi 27 mars, à l’occasion du conseil municipal. « Il nous a fait un copié‐collé. Il se moque de nous », s’emporte une co‐signataire de la lettre ouverte associative. L’avenir dira si ces choix budgétaires de la mairie pèseront dans un an quand il faudra glisser un bulletin dans l’urne.
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