Le conseil municipal du 27 mars a été des plus agités à Toulouse. Un ancien adjoint a été interdit d'accéder à la séance, qui a été interrompue à deux reprises par des manifestants. Au cours de l'évacuation du public, des étudiants ont subi des intimidations de la part des policiers municipaux.
La séance avait démarré depuis sept minutes quand un spectateur a interpellé Jean‐Luc Moudenc à voix haute. Les propos – peu audibles – n’ont pas perturbé le maire qui a poursuivi ses propos liminaires. La personne a été évacuée rapidement, sans que personne ne réagisse.
Le conseil municipal se déroulait depuis 45 minutes quand la conseillère d’opposition LFI Hélène Magdo a réclamé la parole. S’interrogeant sur le fait qu’un ancien élu municipal n’avait pas pu accéder à la séance en tant que spectateur, elle a demandé ironiquement au maire s’il avait ordonné un huis clos. « Ce n’est pas le cas, mais je peux le demander », lui a rétorqué l’édile sur le même ton, sans réagir sur le fond de la question.
La personne empêchée d’entrer dans la mairie s’appelle Jean‐Christophe Sellin. Venu participer sur la place du Capitole au rassemblement contre les coupes budgétaires visant la culture, cet ancien adjoint de Pierre Cohen arborait un autocollant « Rendez‐nous l’argent pour les services publics » à la poitrine en solidarité avec les artistes. Mais c’est sans celui‐ci qu’il s’est présenté ensuite au portique de la sécurité pour assister à la séance du conseil depuis les travées des spectateurs.
« Vous ne rentrez pas parce que vous aviez un autocollant il y a cinq minutes à peine », lui auraient déclaré les policiers municipaux de faction. « J’ai le droit d’avoir des engagements », aurait‐il alors protesté. Un SMS au maire – qu’il connaît de longue date – n’y a rien changé. « L’ordre public et la sérénité des débats du conseil municipal, dont j’ai le devoir d’assurer la police, commandent d’empêcher l’accès des perturbateurs – auxquels vous avez malheureusement décidé de vous mêler – à la salle où se tient le conseil municipal », lui a rétorqué ce dernier, par SMS.
« Je fais ce que j’ai à faire à l’extérieur, mais à l’intérieur, je voulais simplement m’asseoir comme tout le monde, assister au débat. Je suis ulcéré par cette décision », déplore Jean‐Christophe Sellin.
Un fumigène dans la salle des illustres
La suite a lieu après une heure et quart d’amabilités entre la majorité et l’opposition. Alors que Jean‐Luc Moudenc répond à Antoine Maurice sur des questions budgétaires, un brouhaha se fait entendre au fond de la salle.
Laissant bouche bée l’entourage du maire, deux hommes et une femme interrompent l’édile. Un premier, en doudoune noire, remonte en direction du maire, avant d’être arrêté par Henri de La Goutine, l’adjoint aux ressources humaines, puis évacué par Jean‐Jacques Bolzan, l’adjoint au bien manger.
Une femme en tailleur noir tente de le rejoindre en déployant une banderole. Un policier la ceinture pour l’évacuer à son tour. Crane raz, costume cintré et fumigène bleu au bout d’un poing levé, un homme entre à son tour en scène. « Mesdames, Messieurs, j’ai honte pour vos enfants », s’écrie‐t‐il, avant d’être lui aussi intercepté. « Vous êtes des voleurs. Vous allez tuer les artistes ! », hurle sa comparse.
Une fois les gêneurs expulsés (une plainte a été déposée à leur encontre le lendemain), Jean‐Luc Moudenc a repris ses explications budgétaires sans broncher. « Moi, maire, les perturbateurs n’auront jamais le dernier mot. C’est la démocratie qui aura le dernier mot », a‑t‐il réagi.
Dans les volutes bleutées du fumigène tombé sur les tables de l’opposition, l’écologiste Antoine Maurice a réclamé, en vain, une interruption de séance. Il a fallu que le socialiste François Briançon se déplace sous le nez du maire pour que celui‐ci accorde une pause afin de « retrouver la sérénité ».
Des étudiants intimidés
Pendant celle‐ci, le public a été évacué. Venue assister au conseil municipal avec des amis, Mailys, une étudiante toulousaine a quitté la salle et s’est retrouvée dans la cour intérieure de la mairie. « Là, des policiers municipaux nous ont demandé nos papiers d’identité. Ils nous ont demandé de vider nos poches et nous ont fait une palpation poussée. Quand mon camarade, racisé, leur a simplement demandé pourquoi on était interpellés, l’un d’eux lui a dit “J’allume ma caméra, sinon on va nous accuser de racisme” ».
Les étudiants ont patienté ensuite 45 minutes pendant que les policiers vérifiaient leurs adresses. « Ils nous ont retenus là, nous interdisant d’utiliser nos téléphones, poursuit Maylis. Ils ont trouvé suspect que je sois domiciliée en Vendée, à l’adresse de mes parents. Et ils m’ont annoncé que sans adresse toulousaine, c’était la garde à vue pendant 24 heures… »
Avant de les relâcher – alors qu’ils n’avaient rien à se reprocher – les étudiants auraient été mis en garde par les agents. « Ils nous ont aussi dit que, si on diffusait une vidéo de l’action avec les fumigènes, ils porteraient plainte contre nous », affirme‐t‐elle.
Un coup de pression qui interroge sur le traitement réservé aux citoyens venus simplement observer un conseil municipal.
Bonjour plutôt 27 mars que 27 janvier, non ?
Erreur de date non ? Vous parlez du 27 mars ? Jour de manifestation de la culture
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai une envie subite d’aller assister aux prochains conseils….. Moudenc et sa majorité souille tous toulousains qui n’ont pas le même avis. Sécurité, éducation, écologie, sécurité….
Pendant que certains s’imaginent en république des juges, d’autres s’adonnent a la république des purges. Heureusement que la droite défend la démocratie.