Le bâtiment, du début à la fin de la chaîne de construction, est à l’origine d’environ 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Face à la responsabilité des bâtisseurs dans l’urgence climatique, l’ingénieur urbaniste Alain Bornarel et deux architectes, Dominique Gauzin‐Müller et Philippe Madec, ont lancé le mouvement de la frugalité en architecture. Des solutions alternatives pour répondre aux enjeux de demain existent, nous disent‐ils, et eux, professionnels, sont prêts à les mettre en œuvre.
Pensez‐vous que nos bâtiments, en particulier à Lille, Nantes, Toulouse et Lyon, sont prêts à affronter le changement climatique ?
Alain Bornarel : Non, évidemment. Toute une production relativement ancienne n’y est pas adaptée mais malheureusement, les bâtiments neufs non plus. Les standards habituels suivent la logique : « Je construis mes bâtiments comme j’ai l’habitude de faire et je mettrais un dispositif de rafraîchissement pour le confort en été. »
Que faudrait‐il faire à la place ?
Il faut premièrement essayer de créer des îlots de fraîcheur autour des bâtiments, c’est-à-dire végétaliser. Une bande de trois mètres de verdure permet déjà d’avoir une température autour du bâtiment en dessous de l’ambiance générale de la ville. C’est sans doute la solution la moins coûteuse et ça introduit en plus de la biodiversité, des oiseaux, du plaisir. C’est ce qu’on a fait sur la ZAC Confluence à Lyon, où on arrive facilement à avoir une influence sur une bande de 200, 300, 400 mètres autour d’un espace vert suffisamment important. Il y a l’eau aussi, dont Confluence est entouré avec les fleuves de part et d’autre. Et puis il y a l’eau circulante, éclaboussante, pulvérisante, qui va créer de la fraîcheur par évaporation.