Pollution atmosphérique rime souvent avec réchauffement climatique. Au point que certains les confondent parfois. Surtout l’été, quand les pics de pollution à l’ozone se multiplient. Mais c’est une erreur. Car la chaleur n’est qu’un des facteurs entrant dans le processus chimique à l’origine de ce polluant. Et les deux phénomènes sont loin d’évoluer toujours dans le même sens, notamment dans les villes.
Pour avoir une vision plus précise de la pollution de l’air, de ses origines, de ses conséquences et des solutions pour la juguler, Mediacités s’est entretenu avec Isabelle Coll, professeur de chimie et spécialiste des sciences de l’atmosphère à l’université Paris Est Créteil. Cette enseignante‐chercheuse développe depuis 2014 une « modélisation urbaine intégrée et pluridisciplinaire, prenant en compte l’expansion urbaine, l’économie, les pratiques individuelles et collectives, les flux de trafic ainsi que les réseaux de transport, afin de simuler l’impact de l’activité urbaine sur les flux d’émissions de polluants, la qualité de l’air et l’exposition des citadins ».
Qu’est-ce que la pollution atmosphérique ?
Isabelle Coll : Quand on parle de pollution atmosphérique, on parle de concentration d’espèces chimiques dans l’atmosphère. Celle‐ci dépend bien sûr des émissions, c’est à dire de ce qu’on rejette directement, mais aussi de la façon dont les polluants se dispersent ou se transforment en de nouveaux polluants sous l’effet de l’intensité lumineuse ou de la chaleur. Les concentrations – qu’on exprime en général en microgrammes par mètre cube – sont donc dépendantes de l’intensité et de la nature des activités polluantes mais aussi de dynamiques météorologiques. La pollution atmosphérique est la résultante de tous ces phénomènes, c’est pour ça que cette notion est complexe.
Quels sont les principaux polluants dans les zones urbaines ?
Dans les villes, on se focalise surtout sur deux types de polluants : le dioxyde d’azote et les particules fines. Le dioxyde d’azote (NO2) est un gaz issu de toutes les combustions. La limite règlementaire annuelle est de 40 microgrammes par mètre cube d’air. Cette valeur est souvent dépassée à proximité du trafic routier, ce qui a fait l’objet de contentieux entre la France et l’Union européenne. Le NO2 est un composé azoté (N) émis en permanence avec du monoxyde d’azote (NO). Ils se transforment l’un et l’autre en permanence et participent à la production d’ozone mais c’est le NO2 qui est surveillé pour sa dangerosité sanitaire.
Les particules fines sont des espèces de grains, liquides ou solides, en suspension dans l’air et excessivement petits (leur taille va du nanomètre au micromètre). Plus ils vieillissent, plus ils grossissent. Ils peuvent agréger des particules solides émises lors du frottement des freins d’un véhicule ; des particules de suie émises lors de la combustion ; de la poussière arrachée à la terre ; ou encore des composés chimiques gazeux, organiques, qui se sont oxydés et transformés. Deux classes de particules sont règlementées : les PM10 (inférieures à 10 microns) et les PM2,5 (inférieures à 2,5 microns). Ces dernières sont les plus dangereuses parce qu’elles peuvent pénétrer assez profondément dans notre système respiratoire jusqu’aux alvéoles pulmonaires. De là, elles peuvent libérer certains composés dans le sang et atteindre ainsi tous les organes.
Quels sont les autres …