Mars 2004, octobre 2008, septembre 2016, janvier 2017, janvier 2019… Depuis 15 ans, Noyon enchaîne les redressements judiciaires sans parvenir à arrêter l’hémorragie. A chaque fois, la majeure partie des dettes du dentellier calaisien sont effacées comme par magie. « Il faut sauver la dentelle de Calais ! » justifient les juges du Tribunal de commerce de Boulogne‐sur‐Mer. Certes. Mais combien d’argent public a été englouti dans ce dossier ? Combien de cotisations sociales effacées ? Combien de fournisseurs jamais payés ?
« En 20 ans, j’estime à plus de 20 millions d’euros le total des aides publiques directes ou indirectes », souffle un ancien dirigeant d’une entreprise concurrente. Un calcul qui tient compte des multiples acquisitions immobilières et foncières que la ville de Calais, l’agglomération, et même le conservatoire du Littoral ont réalisé pour renflouer l’entreprise. Noyon a tout vendu. Y compris son usine, où travaillent ses 174 derniers salariés, qui appartient à la ville. En vain. L’entreprise n’a pas vu un bilan positif depuis plus de 20 ans.
Il y a deux ans, une lueur d’espoir avait pourtant surgi. Trois des principaux clients de Noyon (La Perla, Vandevelde, Etam) et son associé dans son usine du Sri Lanka (MAS) s’étaient portés au secours d’un dentellier qui glissait vers les enfers (18 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014, 15,5 millions en 2015, 12 millions en 2016, 9,3 millions en 2018…). Ces derniers n’avaient déboursé qu’1,2 million d’euros pour s’emparer …