En pleine crise sanitaire, l’Europe finance la LGV Lyon‐Turin comme si de rien n’était

La Commissaire aux Transports vient d’accorder une prorogation d’une subvention de 813,8 millions d’euros pour financer la ligne ferroviaire franco-italienne. Les détracteurs du Lyon-Turin s'insurgent contre une décision qui viole les règles internes de l'Europe et appellent à revisiter les priorités budgétaires européennes au profit de la santé publique et de la lutte contre le Covid-19.

Travaux_tunnel_Lyon-Turin
Vue du convoyeur à bande de la descenderie de Saint-Martin-de-la-Porte (Savoie) Photo Wikimedia Commons-Poudou99.

« Business as usual »… même en pleine crise du Covid‐19. Alors que le marasme économique guette l’Europe, le projet du Lyon‐Turin ferroviaire vient de bénéficier d’un piston financier de la part de Bruxelles. Le 31 mars, la Commission européenne a en effet accepté de proroger la subvention de 813,8 millions d’euros attribuée à la France et à l’Italie pour ce projet de ligne transalpine à grande vitesse. « En pleine crise de financement de l’urgence sanitaire », c’est « un gaspillage massif d’argent public », dénonce la délégation Europe‐Ecologie Les Verts au Parlement Européen.

Le groupe des eurodéputés écologistes, tout comme celui de La France Insoumise et du mouvement italien Cinq Etoiles, ont adressé chacun des courriers à la Commissaire européenne aux Transports, Adina Valean, afin que celle‐ci reconsidère ses priorités budgétaires. En vain. Le promoteur du Lyon‐Turin, la société franco‐italienne Telt, avait sollicité en septembre 2019 une extension de trois ans de l’aide européenne.

Accordée en 2014 pour la réalisation du tunnel transfrontalier entre Saint‐Jean‐de‐Maurienne et le Val de Suse, la subvention de 813,8 millions d’euros correspond à un programme de 2 milliards d’euros de travaux que Telt s’était engagé à achever fin 2019. Or ceux‐ci ne sont pas terminés. Bruxelles choisit donc de l’exonérer de sa propre règle du « use‐it‐or‐lose‐it », selon laquelle une subvention non entièrement consommée à la date‐butoir est perdue.
Une décision jugée opaque
En 2013 déjà, Telt avait obtenu une prorogation de deux ans de la première subvention versée par l’Europe (400 millions d’euros). La …

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Par Eliane Patriarca

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