« Prenez le contre‐pouvoir ! », lance Mediacités à ses lecteurs en cette fin d’année 2023. Plus qu’un slogan, cet appel invite les citoyens et les citoyennes à soutenir un média qui, chaque semaine, s’engage à lever le voile sur des informations d’intérêt public jusqu’ici pas ou peu médiatisées. En les mettant sur la place publique, Mediacités incite les pouvoirs, quels qu’ils soient, à se questionner, voire se remettre en question. Et ça paye ! La preuve : ces impacts observés depuis la publication de ces quelques articles sélectionnés par la rédaction
Un changement de direction chez « Big city life »
Rappel des faits – Il faut remonter à 2022 pour revenir sur les révélations de Mediacités. En mars de cette année là, notre enquête plonge dans les coulisses de cette structure associative, à mi‐chemin entre un média, une association et un organisateur d’événements culturels. Y figurent notamment des détails sur la gestion erratique, tant en termes de ressources humaines que comptable, du directeur de Big City Life, Nicolas Bénardeau.
Neuf mois plus tard, après un parcours du combattant pour obtenir le dossier, Mediacités dévoile l’audit mené par la Ville de Nantes suite à nos révélations. En résumé, la mairie relève « des manquements importants constatés au regard des règles comptables. Une organisation et une gestion très largement perfectibles ». Elle prévient également que « la poursuite de l’accompagnement de la collectivité est conditionnée à la remise à plat de la gouvernance » de Big city life.
Impact – La première conséquence de notre enquête est le déclenchement d’un audit de la part de la Ville de Nantes. Huit jours après la publication par Mediacités de l’audit salé de la Ville de Nantes sur l’association, son directeur fondateur, Nicolas Bénardeau, annonce sa démission sur Facebook. Une démission de l’association, mais pas du monde culturel nantais. Depuis, il a créé trois entreprises en lien avec son ancienne association : Décadanse, un « lieu de vie artistique et éphémère » et la Chaumière, une « friche artistique éphémère » basée sur l’île de Nantes au pied de l’Usine Beghin Say. La troisième société – Immature – est une société de holding.
Mais Nicolas Bénardeau ne s’intéresse pas qu’à ses affaires. Il s’attaque aussi à la presse. Il a porté plainte contre Mediacités. Un seul passage du premier article a été considéré par son avocat comme diffamatoire. Il s’agit d’une citation anonyme d’un des nombreux salariés ou anciens salariés interrogés pour les besoins de cette enquête : « Derrière le cool, Nicolas est un manipulateur bordélique et égocentrique qui pousse tout le monde à la limite, voire carrément en burn‐out. ». L’audience devant le tribunal judiciaire de Nantes devrait se tenir en janvier 2025.
Un changement de direction aussi à Audencia
Rappel des faits - Mediacités et Audencia, c’est une longue histoire qui commence en septembre 2022. Nous révélions alors la souffrance de dizaines de salariés, victimes d’un « management toxique et sexiste ».
En juin 2023, c’est un autre scandale qui est mis à jour par Mediacités. Depuis quinze ans, une association étudiante (G‑Eyes) diffuse un « JT » vidéo qui projette sur grand écran au sein de l’école des images d’étudiants et surtout d’étudiantes, dont le contenu s’apparente à du sexisme, voire à du harcèlement. Plusieurs victimes témoignent dans nos colonnes.
Impact – Après nos questions et juste avant la publication de l’enquête de Mediacités sur ce « JT » vidéo, la direction d’Audencia prend la décision de dissoudre le pôle “JT” et de « mener une investigation concernant les autres activités de l’association, avant de suivre le processus interne qui pourra décider de plus fermes mesures individuelles ».
Quant à la gouvernance, elle a profondément été remaniée après cette année compliquée pour Audencia. Son directeur, Christophe Germain, a annoncé en juillet dernier qu’il ne candidatait pas à un nouveau mandat. Un départ (pas si) surprise, dix mois après les révélations de Mediacités sur le management toxique au sein de l’école de commerce nantaise et un mois après l’enquête sur le « JT ». Et ce, après la démission du numéro 2 de l’école, Makram Chemangui et le licenciement de la directrice des études et de la vie étudiante, Claude Lombard.
Depuis cet article sur les images dégradantes de ce « JT », d’autres témoignages de victimes sont arrivés à la rédaction de Mediacités. La parole s’est libérée.
Yara, l’usine polluante, ferme sa principale activité
Rappel des faits – Mediacités a été le premier média en 2018 à consacrer une longue enquête à cette usine chimique de Montoir‐de‐Bretagne, propriété d’une multinationale norvégienne Yara. Nous dévoilions l’époque qu’elle rejetait depuis au moins douze ans déjà des effluents d’azote et de phosphore directement dans l’estuaire de la Loire. Et qu’elle ignorait les nombreux rappels à l’ordre de la préfecture et des autorités environnementales.
Suite à cette enquête, la mobilisation des associations et le suivi des médias se sont accentués autour de l’usine chimique. Même les élus ont été obligés de monter au créneau.
Impact – Acculée de toute part, la société Yara a décidé en octobre dernier de fermer son usine de fabrication d’engrais de Montoir, plutôt que d’effectuer les réparations nécessaires et de se mettre en conformité avec les normes environnementales. Elle justifie sa décision par une « consommation d’engrais azotés en chute libre à cause de la guerre en Ukraine, l’inflation » et un résultat déficitaire de 40 millions sur ces cinq dernières années ». Un chiffre dérisoire comparé aux 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2022 par le géant de la chimie. Et aux 4,6 milliards d’euros de bénéfices engrangés cette même année. Cette fermeture entraine la suppression de 139 postes sur 171. Seul un terminal d’importation restera en fonctionnement sur le site de Montoir.
Le Puy‐du‐Fou dans « Complément d’enquête » sur France 2
Rappel des faits – C’était une première pour Mediacités ce jeudi 7 septembre 2023. Sur France 2, le magazine d’investigation « Complément d’enquête » diffusait l’enquête « Les vrais secrets du Puy du Fou » menée en collaboration avec votre site internet d’investigation locale. Une plongée inédite dans les coulisses du parc vendéen déclinée en quatre volets dans les colonnes de Mediacités.
Impact – Le numéro de Complément d’enquête a été vu en direct par 827 000 téléspectateurs. Il a rencontré également un succès en replay avec 245 000 téléspectateurs supplémentaires sur une semaine. Quant aux quatre enquêtes de Mediacités, représentant 40 minutes de lecture, elles ont enregistré plus de 40 000 consultations.
Amplifiées par l’audience de la télévision publique, ces révélations n’ont pas été du goût du fondateur du Puy‐du‐Fou, Philippe de Villiers, qui a fait part sur les plateaux de télévision de Cnews de son intention de déposer plainte contre France 2.
Alertée, l’Arcom – l’autorité de régulation de l’audiovisuel – n’a relevé aucun manquement. Dans un avis publié sur son site, elle indique que « les précautions requises lors de l’évocation de faits incertains, telles que l’usage du conditionnel, avaient été respectées. Elle a également constaté que le parc du Puy du Fou avait pu, par l’intermédiaire de son président, faire connaître son point de vue en plusieurs occasions quant aux faits allégués. »
Pour répondre aux questions de ses lecteurs sur ces enquêtes qui ont fait parler, Mediacités a organisé le 10 octobre dernier à Nantes une soirée rencontre avec les auteurs de l’enquête : les journalistes Thibault Dumas de Mediacités et Raphaël Tresanini de la société de production Hikari. Une cinquantaine de personnes y ont participé avec des questions « sans concession ».
La Gardienne des ténèbres du Hellfest : des collectivités se désengagent
Rappel des faits - En octobre dernier, Mediacités s’intéressait à la chasse aux subventions du patron du Hellfest, Ben Barbaud. Le festival de musiques extrêmes de Clisson s’est mis en quête de 7 millions d’euros d’argent public pour financer les abords de la Gardienne des ténèbres, sa future sculpture géante et animée, commandée aux Machines de l’île, à Nantes. Dans cette enquête, nous racontions la valse‐hésitation des collectivités à accorder un tel montant au créateur et directeur du Hellfest, condamné récemment pour « abus de confiance ».
Impact – À ce jour, aucune des quatre collectivités sollicitées par Hellfest productions (mairie de Clisson, la communauté d’agglomération « Clisson Sèvre et Maine Agglo », le Département et la Région) n’a versé de subvention au projet. Elles ont convenu d’organiser une réunion entre les exécutifs, mais aucune date n’est avancée.
Comme Mediacités l’a dévoilé le 21 décembre dernier, le Département de Loire‐Atlantique, sollicité à hauteur de 3 millions d’euros, soit 44% de l’argent public demandé par le Hellfest, a décliné la demande de subvention. « Malgré l’attention portée au projet de la Gardienne des ténèbres, le Département, au vu de sa situation financière actuelle extrêmement contrainte, ne pourra apporter un soutien financier à ce nouveau projet » confirme le Conseil départemental à Mediacités.
Quelques heures après la publication de l’article de Mediacités sur le désengagement du Conseil départemental, Franck Nicolon, conseiller municipal EELV d’opposition à Clisson et conseiller régional des Pays de la Loire, a demandé publiquement en session plénière de la Région si le Conseil régional allait financer la Gardienne des ténèbres. Réponse de la Région : pas de subvention pour le moment.
Interrogé par Mediacités, Franck Louvrier, 2e vice‐président LR du Conseil régional, précise : « Dans ce dossier, on [le Hellfest] a mis la charrue avant les bœufs. Il faut d’abord mettre en place une stratégie de levée de fonds très claire. Ensuite, on se positionnera sur cette levée de fonds ».
Enfin, le maire de Clisson Xavier Bonnet, interrogé par Ouest‐France un mois après l’enquête de Mediacités, a annoncé que la Ville « ne donnera pas » les 500 000 euros de subventions demandées par Ben Barbaud.
La censure de Christelle Morançais à l’encontre de Mediacités
Rappel des faits – Depuis son accession au siège de présidente de la Région des Pays de la Loire, Christelle Morançais n’échappe pas au regard aiguisé et sans concession de Mediacités. Après un portrait publié en 2017, nous avons dévoilé en septembre 2021 comment la présidente ligérienne, élue trois mois plus tôt, avait modifié les couleurs du logo de la Région pour les adapter à celles de sa campagne électorale. Le fameux « bleu Morançais ». Cette année, dans un long portait en deux volets, Mediacités a expliqué comment le cabinet « bunkerisait » la présidente en misant sur la communication. Enfin, en novembre, nous avons décrypté le « oui mais non » de la présidente ex.LR sur le projet de méthaniseur à Corcoué‐sur‐Logne.
Impact – Malgré la véracité des faits et l’intérêt public de ces publications, ces articles ont déplu à Christelle Morançais. Depuis plus d’un an, le service presse ne répond plus aux sollicitations des journalistes de Mediacités, sauf lorsque nous à les menaçons de saisir la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs) pour accéder à certains documents pourtant publics. La rédaction ne reçoit pas les communiqués et les invitations de presse. Les demandes d’interviews de la présidente et des élus sont également refusées. La raison invoquée ? « Les papiers étant systématiquement à charge et mensongers », selon François‐Xavier Richard, son conseiller communication, membre du cabinet de la présidente.
En octobre dernier, le rédacteur en chef de Mediacités Nantes, Antony Torzec, a sollicité personnellement à la présidente un rendez‐vous afin de faire le point sur ses relations avec Mediacités. Malgré un accord de principe de Christelle Morançais et des relances répétées de Mediacités, aucune date n’a été proposée jusqu’à présent.
Cette censure caractérisée et cette atteinte à la liberté de la presse n’empêcheront pas les journalistes de Mediacités de poursuivre leur travail d’investigation. Un contre‐pouvoir en action.
Aucun commentaire pour l'instant