Les enquêtes marquantes de 2024 : le « best of » de Mediacités Nantes

Avant de se lancer dans les bonnes résolutions de 2025, Mediacités jette un coup d’œil dans le rétroviseur à travers les articles de notre sélection et ceux que vous avez plébiscités en 2024.

Best of 2024 Nantes
Locaux de la direction du MIN de Nantes, vue aérienne du bidonville de la prairie de Mauves, Yoann Choin-Joubert et Éric Grelier. Montage : Mediacités

Les guirlandes et les cotillons remisés, Mediacités n’échappe pas au traditionnel travail d’introspection du passage à la nouvelle année. En 2024, la rédaction nantaise vous a livré, en moyenne, un article tous les deux jours. Sur ces 182 faits d’actualité relatés, soyons honnêtes, tous ne resteront pas dans les annales. Mais beaucoup ont animé les conseils municipaux, les conversations des cabinets d’élus, voire les travaux des juridictions, dont la Chambre régionale des comptes.

Pour élaborer ce « best of 2024 nantais », nous avons adopté deux méthodes radicalement différentes. Les cinq premières enquêtes ont été choisies par la rédaction d’une manière totalement subjective et arbitraire (on peut quand même se faire plaisir non ?). Pour les cinq autres, nous avons tout misé sur les statistiques avec les cinq enquêtes qui ont généré le plus d’audience au cours des douze derniers mois.

Prêt à remonter le temps ? C’est parti !

LA SÉLECTION DE LA RÉDACTION

1/ Nos enquêtes collaboratives et participatives

En 2024, Mediacités Nantes a pu expérimenter l’adage « tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » avec, dernièrement, une enquête participative proposée à nos abonnés. Suite à l’annonce de 100 millions d’euros de coupes budgétaires par Christelle Morançais, la présidente du conseil régional des Pays de la Loire, et, faute d’avoir les éléments chiffrés de la part de la Région, nous avons lancé le 28 novembre dernier un appel aux structures touchées par ces baisses de subventions.

Depuis, une soixantaine de messages sont arrivés sur notre boîte mail. S’accompagnant le plus souvent de remerciements chaleureux. Après vérification, ces informations ont été intégrées dans notre tableau des coupes budgétaires. Résultat : le recensement de près de 200 organismes, privés d’aide régionale en 2025, et les conséquences sociales qui en découlent (licenciements, suppression de services publics, réduction d’une programmation…).

Coupes budgétaires de Christelle Morançais : les dessous de l’enquête participative de Mediacités

La collaboration, c’est aussi avec nos confrères et consœurs. Ainsi, nous nous sommes associés au « journal local, populaire et indiscipliné » du Maine‐et‐Loire, la Topette, pour publier, en septembre, de nouvelles révélations sur Éric Grelier, l’ancien vice‐président de la Région Pays de la Loire en charge des entreprises. Après une première enquête publiée en 2022 par la Topette, [qui a conduit Christelle Morançais à faire un signalement au procureur de la République], nous avons mis à jour de nouveaux potentiels conflits d’intérêts impliquant l’ancien président de la CCI du Maine‐et‐Loire et toujours conseiller régional. Questionnée sur ces nouvelles révélations, Christelle Morançais s’est refusée à tout commentaire devant la presse ou son opposition. L’affaire judiciaire, quant à elle, suit son cours…

Région Pays de la Loire : les très problématiques mélanges des genres de l’ex-Monsieur Entreprises de Christelle Morançais

EricGrelier_MediacitesLaTopette
L’ex‐vice‐président de la Région des Pays de la Loire en charge des entreprises Eric Grelier. Montage S.M. (Mediacités) avec photo compte X d’Eric Grelier

2/ L’enquête qui nous a le plus bousculés

Derrière les journalistes de Mediacités au cuir tanné par les empêchements en tout genre se cachent aussi des hommes et des femmes sensibles aux détresses humaines qu’ils peuvent rencontrer lors de leur reportage. Nous avons vécu cette amère expérience lorsqu’en avril dernier, nous avons décidé de nous pencher sur la question de la prostitution des mineurs à notre porte. Un thème douloureux soufflé par une Nantaise confrontée à la celle de sa petite fille, adolescente.

En cours d’enquête, nous avons partagé avec notre journaliste, Marine Dumeurger, le poids des témoignages des adolescentes en situation de prostitution. Des récits à la fois poignants et violents que nous recevons en plein cœur avant de les coucher sur notre ordinateur pour les dévoiler au grand public.

La prostitution des mineurs : le scandale caché de l’Aide sociale à l’enfance

3/ Notre enquête au long cours

Une info en chasse une autre… Le reproche est souvent fait aux journalistes de ne pas suivre une actualité ou un fait de société dans la durée. À Mediacités Nantes, nous avons décidé de prendre ce temps pour documenter pas à pas l’ouverture du nouveau collège public du centre‐ville de Nantes. Pourquoi ce choix éditorial ? Car cet établissement se veut être un véritable laboratoire social, mélangeant élèves de milieux favorisés et défavorisés issus de trois collèges nantais définitivement fermés. Un « collège idéal » en quelque sorte.

De la fermeture des anciens établissements à l’après-rentrée du nouveau, notre journaliste, Matthieu Slisse, a tout suivi entre 2023 et 2024. Une autre façon de faire du journalisme : sortir de l’immédiateté pour prendre le temps de l’enquête, suivre dans la durée l’avancée d’un projet, gagner la confiance des acteurs afin de raconter en détail, et toujours sans concession, les avancées et les failles de cette aventure scolaire et sociétale.

Mixité sociale : le collège « idéal » de Nantes apprend à faire le grand écart

8h30 le lundi 2 septembre, l’heure de la première rentrée dans ce nouveau collège public du centre ville de Nantes. Photo Antony Torzec
8h30 ce lundi 2 septembre, l’heure de la première rentrée dans ce nouveau collège public du centre‐ville de Nantes. Seuls les 148 sixièmes font leur rentrée ce jour. Photo : Antony Torzec

4/ L’enquête qui a agacé Johanna Rolland

Comme les élus locaux, les journalistes d’investigation locale sont « à portée de baffes ». Nous avons pu le vérifier encore cette année avec deux de nos responsables politiques.

Commençons avec la maire présidente socialiste de Nantes. Le 16 septembre dernier, nous décryptions le rapport accablant de la Chambre régionale des comptes sur le transfert du MIN de Nantes à Rezé. Un audit financier qui confirmait point par point les révélations d’une précédente enquête de 2019 de Mediacités sur le « Rungis nantais », en particulier les étonnantes « inégalités de traitement » entre les grossistes lors des indemnisations versées dans le cadre de ce transfert. En bonne position des commerçants ayant reçu les plus importantes indemnisations figurait un proche de Johanna Rolland : Jean‐Luc Cadio, ex‐patron du grossiste Berjac et l’un des animateurs du « Nantes Labo 258 », le think tank mis en place par la maire de Nantes en vue de sa réélection à l’Hôtel de Ville en 2020.

Le simple fait d’interroger Johanna Rolland sur le risque de conflit d’intérêts dans cette transaction a suscité la colère de la maire de Nantes. Interrogée lors d’un déjeuner de presse, deux semaines après la publication de cette enquête, la numéro 2 du PS a jugé notre question « inacceptable ». « Je trouve la manière même de poser la question très grave. Je vous le dis en franchise. Parce qu’elle laisse planer un soupçon qui est moralement, éthiquement inacceptable », avait‐elle rajouté. Un peu court pour une élue qui a fait de l’exemplarité des élus et la moralisation de la vie politique l’un des axes de sa dernière campagne électorale.

Le rapport accablant de la Chambre régionale des comptes sur le transfert du MIN de Nantes à Rezé

5/ L’enquête qui a agacé Christelle Morançais

Si on en juge aux entraves à la liberté de la presse par la présidente de Région à l’encontre de Mediacités, ce n’est pas une, mais plusieurs enquêtes qui ont agacé Christelle Morançais. Dernière brimade en date : l’interdiction pour le rédacteur en chef de l’édition nantaise d’accéder à la tribune presse le 19 décembre dernier, premier jour de la session budgétaire du conseil régional. Le reléguant dans une salle à part.

Le lendemain, après un point presse, la présidente (Horizons) a pris à part le journaliste pour lui dire à quel point elle n’avait pas apprécié sa vidéo sur les réseaux sociaux le montrant seul dans cette pièce de l’hôtel de Région. La vice‐présidente d’Horizons a poursuivi ses reproches en évoquant un détail de notre enquête sur ses notes de frais. Nous aurions omis de préciser que le montant de son indemnité de mandat (5 512 euros) était brut et non net. Vérification faite, la précision était dans l’article.

Au‐delà de ce détail, il semble bien que c’est l’exercice même de l’analyse de ses notes de frais que Christelle Morançais n’a pas apprécié. Un contrôle citoyen qui, rappelons‐le, est prévu par la loi du 17 juillet 1978 qui a instauré un droit d’accès des citoyens aux documents administratifs.

Plus de 40 000 euros en trois ans : ce que révèlent les notes de frais de Christelle Morançais

Entre 2021 et 2023 Christelle Morançais la présidente du conseil régional des Pays de la Loire a demandé le remboursement
Mediacités a décortiqué 468 pièces comptables présentées au remboursement par Christelle Morançais entre 2021 et 2023. Photo : Thibault Dumas. Montage : SM Mediacités

LES ARTICLES LES PLUS LUS

Après ces choix de la rédaction, le moment est venu de passer aux vôtres. Impossible d’affirmer que les articles qui suivent sont ceux qui vous ont le plus informé, surpris ou appris des choses sur votre ville. Mais ce sont en tout cas ceux qui ont suscité la plus forte audience durant les douze derniers mois. Le signe d’un intérêt manifeste pour le sujet. 

6/ Le démantèlement ultra‐sensible du plus grand bidonville de France

L’article nantais qui obtient le plus grand nombre de vues est… l’enquête de Marine Dumeurger sur la transformation de la prairie de Mauves à Nantes. Publiée début octobre, elle a enregistré plus de 300 000 vues grâce notamment à de très nombreux partages sur les réseaux sociaux. Un succès qui vient probablement du fait que ce démantèlement organisé de près d’un millier de personnes des campements Roms par Nantes Métropole comporte de nombreux enjeux sociétaux et économiques.

À Nantes, le démantèlement ultra‐sensible du plus grand bidonville de France

7/ Les notes de frais de Christelle Morançais

Cette enquête a déplu à la présidente de Région (voir plus haut). Qu’elle se console, notre investigation a, au contraire, beaucoup intéressé ses concitoyens(nes). Elle arrive en deuxième position des articles les plus lus sur Mediacités Nantes ces douze derniers mois. On y apprend, par exemple, que la patronne du conseil régional des Pays de la Loire s’est fait rembourser en 2022 plus de frais à Paris que dans sa propre région. Ou encore qu’elle s’est d’ailleurs offert l’adhésion annuelle à un très chic club privé parisien.

Nous avons également découvert une différence de traitement pour ses invités à table : dans des restaurants de qualité à Paris et plutôt des plateaux‐repas en région. Sauf, un mystérieux diner en novembre 2021 à Nantes pour lequel les services du conseil régional n’ont pas accepté de nous livrer les noms des convives. Nous devrions y revenir dans les semaines qui viennent, suite à une nouvelle saisie de la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs).

Plus de 40 000 euros en trois ans : ce que révèlent les notes de frais de Christelle Morançais

8/ Les (vraies) raisons de la chute de Realités

Il y a sept ans, il ambitionnait de créer un nouveau quartier à Nantes et de construire un nouveau stade de football. Quelques années plus tard, il rachetait le club des Neptunes de Nantes handball et se payait un catamaran au nom de la société. Aujourd’hui, Yoann Choin‐Joubert est aux abois. Sa société, Réalités, doit faire face à une procédure de conciliation auprès du tribunal de commerce. Depuis le lancement de Mediacités à Nantes, notre journaliste Thibault Dumas suit de près l’évolution du promoteur immobilier nantais. Cette dernière enquête sur les déconvenues du groupe, très liées à la personnalité et aux stratégies de son cofondateur, arrive en troisième position des articles les plus lus.

Du clinquant au surendettement : les (vraies) raisons de la chute de Réalités

Montage Réalités
Nautisme, sports, enseignement supérieur… Autant d’engagements sociétaux mais aussi de lourds investissements qui ont conduit Réalités dans un mur de dettes. Montage : Thibault Dumas

9/ Le Hellfest et son appétit pour les terres agricoles

À l’ouverture de sa 17e édition, Mediacités s’est intéressé au plus important festival de musique de France. Le Hellfest n’est pas seulement une redoutable machine à cash. Il est aussi un gros consommateur de terres agricoles. En un peu moins de vingt ans, le « festival de l’enfer » est passé d’une dizaine à plus de 110 hectares. Un foncier éclaté entre des dizaines de propriétés privées, surtout des agriculteurs, auxquels Hellfest productions loue les terrains. Du temporaire – le temps du festival – qui devient de plus en plus définitif, jusqu’à contrevenir aux règles d’urbanisme ou au Code de l’environnement.

À Clisson, le Hellfest contourne la règlementation pour satisfaire son appétit foncier

10/ Coup de projecteur sur Yann Trichard, le président de la CCI Nantes Saint‐Nazaire

Dernier article de ce top 5 des enquêtes les plus lues des douze derniers mois : le portrait en deux volets du patron de la Chambre de commerce et d’industrie de Nantes Saint‐Nazaire (CCI). Écrite par trois journalistes de la rédaction nantaise, cette enquête montre un autre visage de Yann Trichard. Une face plus sombre où l’ambitieux manager, impulsif et fonceur – parfois jusqu’à l’échec -, se montre aussi un grand adepte du mélange des genres, voire des conflits d’intérêts.

La face sombre de Yann Trichard, « l’hyper-président » de la CCI Nantes Saint‐Nazaire

D’Audencia à la politique… Les loupés de Yann Trichard, « l’hyper-président » de la CCI Nantes Saint‐Nazaire

 

 

Aucun commentaire pour l'instant

Publié le

Temps de lecture : 8 minutes

Favorite

Par Antony Torzec