Stéphane Baly et ses colistiers avaient convoqué leurs supporters, mercredi 5 mars, au Splendid, la salle de spectacle de Lille Fives, pour leur grand meeting de fin de campagne, à quelques jours du premier tour des élections municipales. Des gloires nationales écolos, Noël Mamère, Delphine Batho et Damien Carême, étaient venues prêter main forte à l’équipe locale composée de joueurs d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Génération.s, Diem25, Génération écologie et Volt. Deuxièmes dans les sondages derrière la maire sortante Martine Aubry, les écolos le martèlent : ils veulent voler de leurs propres ailes. Et ramener la coupe du Beffroi à la maison.
La conf’ d’avant match
La conférence de presse précédant le meeting n’a été qu’un simple échauffement. Alignés devant quelques journalistes, la tête de liste et ses soutiens ont tour à tour pris la parole, déclinant tout d’abord chacun quelques éléments de tactique générale. « Penser global, agir local : le défi climatique, c’est aussi une traduction locale pour chacun » a d’abord assuré Baly, avant que Noël Mamère, aujourd’hui retiré des terrains, n’enchaîne : « Les utopistes, ce sont ceux qui veulent garder le système actuel, qui est un système punitif ». Jusqu’à ce que Delphine Batho, ex‐ministre socialiste de l’écologie, donne le ton à la rencontre : « On est là pour gagner, pour prendre la ville ».
Le stade
Pour ce dernier rendez‐vous à 10 jours du premier tour, Stéphane Baly n’a pas choisi une salle au hasard. Dans le catalogue des établissements lillois, le candidat écologiste a opté pour le Splendid. Cet ancien cinéma reconverti en salle de concert, dans le quartier populaire de Fives, n’est pas la plus belle des pelouses lilloises. Mais elle rappelle des matchs références pour les Verts comme les venues de Noël Mamère lors des municipales de 2001, ou pour les présidentielles de 2002. « On y avait fait des scores historiques. Alors, sans être fétichiste, celle salle a du sens pour nous », sourit le capitaine Baly. Noël Mamère approuve, et évoque « avec émotion » le souvenir d’une salle « surchauffée » en ouverture du meeting. Ce n’était pas le cas hier.
L’ambiance en tribunes
Un stade à moitié plein alors que l’équipe attendait de remplir les 500 places. Une déception. Tant pis, les supporters des premiers rangs – crânes chauves et têtes blondes -, font du bruit pour les absents. Les drapeaux EELV, Génération.s et arc‐en‐ciel s’agitent à chaque passement de jambes de Karima Delli, député européenne, y compris quand elle s’emporte d’un « Faisons respirer Lille ! » qui évoque étrangement le nom de la liste LREM emmenée par Violette Spillebout.
La composition d’équipe
Pour ce match décisif dans la quête du titre de « maire de Lille », Stéphane Baly avait donc demandé à Noël Mamère de rechausser les crampons et à Delphine Batho d’apporter son expérience nationale. Les joueuses et joueurs de renom régional Karima Delli (députée européenne EELV), Damien Carême (député européen, ex‐maire de Grand‐Synthe) et Sophie Taillé‐Polian (sénatrice Génération.s) sont également venus renforcer les coéquipiers locaux : Katy Vuylsteker (tête de liste à Tourcoing), Christian Carlier (tête de liste à Roubaix), Véronique Deleplanque (tête de liste à Lomme) et Simon Jamelin (tête de liste à Hellemmes).
Les règles de la rencontre
Le cadre était assez simple : deux canapés entourés de deux arbres attendant les différents soutiens de Stéphane Baly, qui prennent la parole les uns après les autres. Mobiles, les joueurs écologistes évitent les canapés, finalement investis par des représentants de la société civile, venus les « interpeller » selon le chauffeur de salle Noël Mamère. Il était par ailleurs convenu d’entrée qu’il n’y aurait pas de temps additionnel, sous peine de voir les joueurs stars rater le dernier TGV pour Paris. Deux heures de jeu maximum donc.
Le résumé
Après un début de soirée timide, Noël Mamère donne le coup d’envoi avec 36 minutes de retard. La faute aux embouteillages lillois, que Stéphane Baly entend bien éradiquer avec son plan « tout vélo » et la piétonisation du centre‐ville. Venu spécialement de Paris, le héros écolo de 2002 distribue les premiers bons ballons : « N’écoutez pas ceux qui se disent écologistes pragmatiques. Il faut être fier d’être écologiste. Oui, c’est notre tour. Le temps de l’écologie est venu, à Lille comme ailleurs ». La foule apprécie.
L’équipe écologiste prend confiance, et les joueurs brillent tour à tour. Stéphanie Bocquet, numéro deux de la liste, enchaîne, mais c’est Karima Delli qui transcende les supporters. La députée européenne née à Roubaix récite son jeu, et multiplie les dribbles inspirés. Sophie Taillé‐Polian maintient le rythme jusqu’aux entrées en jeu de plusieurs membres de la société civile, venus « débattre » avec l’équipe écologiste. Mais cette opposition n’en a que le nom, tant les points de vue convergent. En vérité, durant ce débat d’une vingtaine de minutes, tout le monde tente de marquer dans le même but. Ce qui ravit le public.
Après un show à la mi‐temps – texte de Jean Giono lu par Charlotte Taipaert, comédienne sur la liste Lille Verte 2020 -, Sandrine Rousseau entre sur la pelouse. Son rôle ? Parler de sa vision de Lille, ville « women‐friendly ». Puis c’est au tour de Delphine Batho, secrétaire générale de Génération écologie, de se mettre en évidence avec des attaques contre le centre commercial Lillenium, pas encore inauguré.
Après 1h45 de jeu, le capitaine Stéphane Baly rejoint enfin la partie. En vingt minutes chrono – dernier TGV oblige -, la tête de liste déroule son programme et dévoile sa tactique qui consiste à s’en prendre frontalement à Martine Aubry – mais pas aux autres candidats. On retiendra deux gestes qui font se lever la foule. Deux promesses : ne pas aller inaugurer le centre commercial Lillenium, le 6 mai, s’il est élu ; et supprimer les panneaux publicitaires dès avril 2022.
Les tacles
Les écolos ont joué de façon assez agressive. En témoignent les nombreux tacles assenés au cours de la rencontre avec une cible principale : Martine Aubry. Noël Mamère avait ouvert les hostilités dès l’avant-match, sans toutefois citer la maire de Lille. « Nous ne serons plus les supplétifs de personne. Cela ne peut plus fonctionner comme avant avec un désistement ou accord automatique à l’issue du premier tour. Si le 2ème tour ne se construit pas autour des questions écologiques, ce sera sans les écologistes ». Karima Delli y est allée d’un petit croche‐pied par derrière : « On ne veut pas faire de Lille la capitale européenne de l’écologie, mais la capitale européenne de la lutte pour l’urgence climatique ». Stéphane Baly, en revanche, y est souvent allé frontalement, les deux pieds décollés en avant : « Martine Aubry a changé d’avis, comme sur le cumul des mandats ». En réponse à la thèse de la maire, qui a expliqué la pollution du ciel lillois par les usines à charbon allemandes, il a rétorqué : « Nos poumons méritent mieux que ces poncifs dignes du café du commerce ».
L’absent : l’hymne des Verts
Un stade mal garni mais surchauffé, une star qui a connu les années 70, Noël Mamère, et des dizaines d’écharpes vertes autour des cous : tous les ingrédients étaient réunis. Et pourtant non. Personne n’a eu l’idée d’entonner le célèbre : « Qui c’est les plus forts, évidemment c’est les Verts », des supporters de l’AS Saint‐Etienne. Mais nul doute que tous les acteurs présents au Splendid, ce jeudi soir, espèrent bien le chanter, au soir du 22 mars.
Bonjour
Probablement n’avons nous pas assisté au même match, car la salle s’est remplie et elle fut bien remplie.
Agressifs ? oui, avec un paragraphe sur les tacles plus long que le résumé d’un meeting de 2h, vous donnez bien évidemment l’image d’un débat agressif.
C’est comme si je ne prenais que l’exemple de vos 2 lignes dans votre conclusion, les 2 lignes sur l’hymne des verts pour qualifier de ringard l’ensemble de votre article.
Non, il est simplement injuste, votre article, et ne représente absolument pas ce qui s’est passé, ce que nous avons vécu dans cette salle. Vous occultez par exemple les moments, plus que nombreux ou les applaudissements ont fusé, et la standing ovation finale qui était un très beau moment. Mais ce qui est beau probablement fait moins vendre qu’une prétendue agressivité.
Merci d’être venus, mais vous vous êtes rétrogradés vous même du régional à une division amateur du championnat de journalisme.
A la fin c’est fatigant de voir les Verts attaquer les socialistes avant le premier tour pour finalement rentrer au bercail entre les deux tours…
Bonjour
Le Réseau Action Climat a fait l’analyse des programmes des candidats de dix grandes villes, sur une base analytique large et sur la base des dix mesures « urgentes et essentielles » issues du Pacte pour la Transition. Pour Lille on le trouve ici :
https://reseauactionclimat.org/municipales-lille-2020/
Entre les candidats, moins de contraste que sur Paris où Dati affole les compteur en ayant « tout faux » ce qui n’est pas le cas ici de Marc‐Philippe Daubresse qui gagne quelques accessits mais reste en queue de peloton. Au milieu, V. Spillebout et M. Aubry ont de sérieuses lacunes. Bravo à Stéphane Baly qui franchit haut la main le classement. Salutations à tous. Antoine Bonduelle, Fondateur du Réseau Action Climat.