LOSC : derrière l’éviction de Gérard Lopez, la valse opaque des millions

Décidé par le fonds « vautour » Elliott Management, le départ brutal du patron du club de foot de Lille semble déjà digéré. Pourtant de nombreuses zones d'ombre demeurent et les suspicions d'enrichissement personnel via les ventes de joueurs vont bon train

Gérard Lopez
L'ex propriétaire du Losc, Gérard Lopez, lors d'une conférence de presse au club de football de la ville belge de Mouscron, en juillet 2020. Crédit : Shutterstock/SIPA

Au bout de quatre ans, la page Lopez du Losc s’est brutalement refermée. En à peine quinze jours, un nouvel actionnaire est arrivé : Callisto Sporting, filiale du fonds d’investissement Merlyn Partners. Ainsi qu’une nouvelle équipe dirigeante, emmenée par Olivier Létang. Le putsch a pris par surprise beaucoup de supporters, focalisés sur les excellents résultats sportifs de leur équipe. Mais aussi nombre de salariés. 

Nul n’avait conscience de la gravité de la situation financière. L’ombre de la cessation de paiement planait sur le début janvier, a affirmé le nouveau patron du club, lors de sa première conférence de presse officielle. Et la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) agitait en coulisses la menace d’une relégation administrative, selon les informations de Mediacités. Heureusement, les nouveaux « Zorros » du club ont rétabli la situation en un temps record, apportant argent frais (40 millions d’euros) et promesse de réduire « significativement » un endettement catastrophique. Le 4 janvier, la DNCG a validé le business plan et écarté toute sanction. Alors, fin de l’histoire ? Pas si simple…
Un LBO qui plombe tout
Ce qui est sûr, c’est que l’issue était connue d’avance. Mediacités fait partie des quelques voix qui, dès le début, ont tiré le signal d’alarme. D’abord parce que le passé de Gérard Lopez dans la formule 1 et le football avait de quoi susciter la méfiance. Nous y reviendrons. Mais aussi parce que la structure complexe mise en place pour acquérir le club – une cascade de sociétés situées dans différents paradis fiscaux – ne peut avoir qu’une justification : la dissimulation. Il est surtout apparu très rapidement que Gérard Lopez avait menti en affirmant avoir acheté le club avec ses propres fonds. Au contraire, il a tout emprunté. Au moins 225 millions d’euros au cours des deux premières années. Qui plus est à un fonds d’investissement spéculatif qui ne fait aucun cadeau : le « fonds vautour » américain Elliott Management. Personne n’aurait donc dû être surpris.

« Gérard Lopez est parti tout simplement parce qu’on l’a mis dehors, explique Mickael Terrien, maître de conférence en économie du sport à Lille 2. C’est quelqu’un qui a acheté une maison à crédit et qui n’a plus été capable de le rembourser. La banque a récupéré la maison, tout simplement. Gérard Lopez a fait ce qu’on appelle en finance un LBO. Il a trouvé Elliott qui lui a prêté les fonds, mais à des taux d’intérêts prohibitifs de 15 ou 16 %. Malgré les bons résultats sportifs et le trading [NDLR : vente de joueurs], il n’avait aucune chance de rembourser …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 10 minutes

Favorite

Par Yves Adaken

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a atteint son premier objectif.
Pour garantir notre indépendance et contribuer au développement d’une presse locale d’investigation, aidez-nous à aller plus loin et à atteindre 110% d’ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

Chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 30 secondes