« On s’est mis à plusieurs pour les compter. » Constant Motte, coprésident de l’association Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille (NADA), recense 8 000 pages dans le dossier numérique de l’enquête publique portant sur la modernisation de l’aéroport de Lille‐Lesquin, mis en ligne lundi 10 janvier. Le militant écologiste admet boire « beaucoup de café » ces derniers jours pour approfondir le dossier et espérer peser sur la consultation, ouverte jusqu’au lundi 14 février. « C’est une stratégie classique pour ce type de grands projets : des rapports très longs, qui fourmillent d’annexes et qui ne laissent pas le temps de produire une contre‐expertise indépendante », juge‐t‐il.
Au milieu des dizaines de pièces administratives, on trouve toutefois un guide de lecture et un « résumé non‐technique » (121 pages) qui synthétise les grands points de tension du dossier : émissions de gaz à effet de serre, qualité de l’air, impact pour les sols et les sous‐sols, etc. « Abondamment illustré, le résumé non‐technique est particulièrement clair et didactique », relevait l’Autorité environnementale dans un avis rendu en novembre 2021. Mais « sur le fond, il présente les mêmes qualités et défauts que l’étude d’impact [déposée l’été dernier, NDLR] », tranchent les experts.
Il faut dire qu’Aéroport de Lille (ADL), le concessionnaire dont Eiffage est l’actionnaire majoritaire, a vu grand : 100,9 millions d’euros d’investissements d’ici la fin de la délégation de service public, en 2039. Objet des travaux ? Une « modernisation » présentée comme indispensable pour mettre les installations en conformité avec les règles de sécurité aériennes et pour accueillir jusqu’à 3,9 millions de passagers en 2039, contre 2,2 millions en 2019. Dans le détail, 13 % (13,4 millions d’euros) de l’investissement prévu concerne la mise aux normes, le reste (87,5 millions d’euros) étant destiné à un agrandissement que beaucoup, des communes limitrophes aux associations écologistes, jugent dangereux pour l’environnement.