Régionales en Auvergne‐Rhône‐Alpes : récit d’un premier tour plombé par une abstention massive

Laurent Wauquiez - très - loin devant ; écologistes et socialistes « enfin » unis ; marcheurs et frontistes dans les choux : revivez heure par heure la soirée du premier tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes.

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Les professions de foi des principaux candidats. Photo : NB/Mediacités.

Ces élections régionales ne devraient pas déplacer les foules, pronostiquaient les sondeurs de mauvaise augure. Les Français leur ont donné raison. Les chiffres de l’abstention à la mi‐journée et à 17 heures atteignaient des sommets en Auvergne‐Rhône‐Alpes [lire plus bas], comme partout en France. A qui profitera‐t‐elle ? Ultra‐favori des sondages, le président sortant de la région, Laurent Wauquiez, n’a eu de cesse au cours de la dernière semaine de campagne d’appeler son électorat à se mobiliser, quitte à user de grosses ficelles [lire dans L’Œil de Mediacités : Dans la dernière ligne droite des régionales, Laurent Wauquiez active son armée de maires].

Face à lui, le RN Andréa Kotarac ne peut espérer perturber la réélection annoncée du candidat LR, mais faire progresser le parti de Marine Le Pen dans une région où l’extrême-droite est assez peu implantée. A gauche, la socialiste Najat Vallaud‐Belkacem et l’écologiste Fabienne Grébert jouent, ce dimanche 20 juin, la primaire : celle qui sera deuxième se rangera derrière l’autre en vue du second tour. Enfin, le marcheur Bruno Bonnell, porté par une fin de campagne dynamique, sur le terrain comme dans les sondages, compte créer la surprise.


Les informations à retenir :

  • Abstention historique à 67,41% : moins d’un électeur sur trois s’est déplacé pour aller voter dans la région. 
  • Laurent Wauquiez arrive largement en tête, avec 43,79% des voix.
  • L’écologiste Fabienne Grébert arrive en deuxième position, avec 14,45% des suffrages exprimés. A gauche, elle devance son adversaire socialiste Najat Vallaud‐Belkacem (moins de 11,40%).
  • Le RN Andréa Kotarac, donné pendant des mois à plus de 20% dans les sondages, recueille moins de 12,33% des voix.
  • Contre‐performance pour le marcheur Bruno Bonnell (et pour les sondeurs) : le candidat de la majorité présidentielle termine à moins de 10% (9,87%), ce qui ne lui permet pas de se maintenir au second tour. 

23h15 – Écologistes et socialistes rassemblés « enfin » - Fabienne Grébert et Najat Vallaud‐Belkacem côte à côte. À la préfecture du Rhône, la candidate écologiste rejoint son ancienne rivale socialiste : « À nous deux, nous allons battre Laurent Wauquiez. » « Nous allons nous rassembler enfin, déclare l’ancienne ministre de l’Éducation qui a échoué à se poser en leader de la gauche. Nous sommes unies, sans l’ombre d’une hésitation. » Pour espérer déloger le président sortant de la région, le duo devra toutefois faire plus qu’additionner leurs électorats du jour. Enjeu : mobiliser ceux qui ne se sont pas déplacés ce 20 juin. « La gagnante de la soirée, c’est l’abstention, et la perdante, c’est la démocratie », a déclaré, à son arrivée à la préfecture, Fabienne Grébert.

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Najat Vallaud‐Belkacem et Fabienne Grébert. Photo : NB/Mediacités.

22h45 – Najat Vallaud‐Belkacem : « la social‐écologie n’a pas dit son dernier mot ». En coulisses, son équipe de campagne ne cache pas sa déception. Najat Vallaud‐Belkacem obtient une quatrième place décevante et laisse le leadership aux écologistes. Mais devant l’impressionnante armée de caméras venues l’accueillir à la préfecture de Lyon, l’ancienne ministre joue collectif. « Nous sommes de retour », lance‐t‐elle‐même, dans un élan d’optimisme qui contraste avec les faibles scores obtenus.

« Ce qu’il faut retenir c’est que la social‐écologie n’a pas dit son dernier mot », analyse la cheffe de file socialiste, qui voit dans les résultats au niveau national le signe qu’une alternative à l’opposition LREM/RN émerge. « Les cartes sont rebattues et nous prédisent autre chose pour la suite des événements », estime‐t‐elle.

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Najat Vallaud‐Belkacem à la préfecture du Rhône, le 20 juin 2021. Photo : MP

« Je prends acte du fait qu’au sein des forces de gauche, c’est EELV qui est arrivé devant », poursuit la candidate, en promettant de travailler « avec plaisir et enthousiasme » aux côtés de Fabienne Grébert pour « aller déloger Laurent Wauquiez ». La socialiste ne peut s’empêcher de rappeler qu’elle était favorable à une union « des forces de gauche » dès le premier tour, qui aurait « installé une dynamique plus forte ». Tout l’enjeu sera de créer cette dynamique pendant la semaine d’entre-deux tours, pour espérer imposer un vrai duel à un Laurent Wauquiez pour le moment intouchable.

22h50 – Le « socle » lyonnais - « Fabienne [Grébert] est la femme de la situation, j’en appelle au rassemblement », déclare Grégory Doucet (EELV), présent dans le bar du 3e arrondissement de Lyon où se sont réunis les écologistes. Le maire de Lyon se félicite aussi du « socle électoral très solide » dont dispose EELV dans sa ville. Les Lyonnais ont voté à plus de 22,6% pour la candidate écologiste, un score bien supérieur à sa moyenne régionale.

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Le maire de Lyon Grégory Doucet, dimanche 20 juin. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

22h05 – Un petit air de victoire pour les écologistes - « L’écologie, c’est possible. Ce soir, rien n’est joué. Ce soir, nous avons les solutions. Ce soir, nous pouvons renverser l’affairisme, le clientélisme », martèle‐t‐elle. Fabienne Grébert s’est exprimée depuis un bar proche de la préfecture de Lyon, en présence de Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon. 

Arrivée en seconde position avec près de 15% des suffrages, selon un décompte encore provisoire, la candidate EELV termine loin derrière Laurent Wauquiez mais devance le Rassemblement national. Elle remporte surtout le « match à gauche » face à la socialiste Najat Vallaud‐Belkacem et est en position de réaliser l’union de la gauche autour de sa candidature.

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Fabienne Grébert, la candidate d’EELV. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

Devant les caméras, le ton est donc enjoué et le sourire de mise. « Grébert, faut mettre Wauquiez par terre », chantent les militants. Pour Fabienne Grébert, l’abstention massive lors de ce scrutin est le signe que les citoyens ont sanctionné « un système cynique » qui « ne propose aucune solution ». 

« Ce soir, j’ai la responsabilité de rassembler tous ceux qui aspirent à un projet de justice sociale, de nouvelle donne écologiste. Ceux qui refusent de laisser la région à la droite extrême et à la droite du RN », lance Fabienne Grébert. Et de conclure : « Il n’y a pas de fatalité à la société qui promeut la haine. »

21h55 – Andréa Kotarac crie au « scandale » démocratique – Cruelle désillusion pour le chef de file du Rassemblement national dans la région. Alors que les sondages le plaçaient depuis des mois en deuxième position derrière Laurent Wauquiez, il termine troisième, derrière les écologistes, avec seulement 12,3% des voix. Des résultats qui « ne reflètent absolument pas la réalité des rapports de forces dans notre région » estime le transfuge de la France insoumise, pour qui « l’abstention record marque un triste jour pour notre démocratie ».

Le candidat RN fustige également le « clientélisme de Laurent Wauquiez ». « Les maires Les Républicains ont envoyé massivement dans toutes les villes qu’ils dirigent une lettre à leurs concitoyens pour appeler à voter Laurent Wauquiez [comme l’a raconté Mediacités], quand dans le même temps les professions de foi des autres candidats ne sont pas arrivées dans les boîtes aux lettres de nos habitants. C’est un scandale », lance‐t‐il. Et de conclure : « Ces résultats sont dignes d’un loto. »

Andréa Kotarac appelle à « un sursaut de tous les patriotes » pour remplumer le score du parti d’extrême-droite au second tour. « Le match se joue jusqu’à la dernière minute », veut‐il croire.

21h45 – Les écologistes veulent instaurer un duel avec Laurent Wauquiez - Selon toute vraisemblance, le second tour se jouera à trois : Laurent Wauquiez (LR), Andréa Kotarac (RN) et Fabienne Grébert (pour une alliance en cours de négociations entre le PS et EELV). Mais les écologistes veulent instaurer un match à deux avec le président sortant de la région. « Kotarac n’a plus rien à jouer dans cette élection, pense Cécile Michel, la tête de liste EELV dans le Rhône. Laurent Wauquiez lui a déjà mangé toutes les voix qu’il pouvait. » « Il a tellement marché sur les platebandes du Rassemblement national que je ne sais même plus si on peut encore parler de droite extrême pour Laurent Wauquiez…, déclare à Mediacités l’écologiste. Ce sera un vrai duel entre lui et les forces de gauche et écologistes. »

21h30 – Bruno Bonnell : « Une déception réelle » - K.O. debout. Sur France 3 Auvergne Rhône‐Alpes, Bruno Bonnell a confirmé ce qu’il a répété tout au long de la campagne : « Je ne fusionnerai avec aucune autre liste. » Selon des résultats encore partiels, le candidat de la majorité présidentielle recueille moins de 10% des voix (9,5%), ce qui ne lui permet pas de maintenir ses listes au second tour. « C’est une déception réelle, a‑t‐il admis sur le plateau de télévision. C’est comme rater les quarts de finale de la coupe du monde. » 

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Affiche électorale de Bruno Bonnell. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

21 heures – Fabienne Grébert et Najat Vallaud‐Belkacem : une alliance « dans la nuit » - « On est suffisamment responsable à gauche pour faire alliance » : sur le plateau de BFM Lyon, Pascale Bonniel Chalier, tête de liste EELV dans la Métropole de Lyon, a confirmé que la fusion des listes écologistes et socialistes étaient en cours. L’alliance « va se faire dans la nuit », a‑t‐elle annoncé. Sans pour autant croire aux chances de victoire de son camp dimanche 27 juin : « Nous serons la force d’opposition [lors du prochain mandat] si le succès de Monsieur Wauquiez se confirme. »

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Affiche électorale de Fabienne Grébert, à Lyon. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

20h35 – Laurent Wauquiez : « Ce soir, c’est un choix net pour un cap clair » - Arrivé largement en tête du scrutin, le président sortant (LR) a pris la parole depuis son quartier général du quartier de la Confluence à Lyon. Pour le patron de la droite locale, il ne fait aucun doute que ce score sans ambiguïté valide l’intégralité de sa stratégie à droite toute portée pendant la campagne, marquée par une priorité à la thématique de la sécurité. Au cours de sa courte prise de parole, Laurent Wauquiez s’est ainsi empressé de rappeler ses promesses sur le doublement du budget dédié à la sécurité, la « suppression des aides de la région pour les délinquants » et ses ambitions en matière de « reconnaissance faciale ».

Surtout, Laurent Wauquiez en profite pour envoyer un message au reste de son parti, dans la perspective de l’élection présidentielle de l’an prochain, en déroulant ses thèmes de prédilection : « Vous pouvez compter sur moi. Je crois à l’importance des cadres clairs. Je crois à la nécessité d’avoir de la constance dans ses convictions et de s’y tenir. (…) Je suis convaincu que l’on peut porter notre région autour de belles valeurs : le travail plutôt que l’assistanat, la promotion du mérite plutôt que le nivellement par le bas, l’importance de la fermeté plutôt que le laxisme, la défense de notre mode de vie plutôt que le communautarisme. Ces valeurs qui peuvent se résumer en deux mots : tout simplement le bon sens. Ce soir, c’est un choix net pour un cap clair. »

20h10 – Laurent Wauquiez seul en tête, les Verts en deuxième position… contre toute attente - Selon les premières estimations disponibles (Ipsos – Sopra Steria et Ifop), Laurent Wauquiez arrive largement en tête du scrutin en Auvergne‐Rhône‐Alpes, avec entre 43,8% et 46,8% des suffrages. Les autres candidats arrivent loin derrière le président sortant.

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Laurent Wauquiez, le 7 juin dernier. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

L’écologiste Fabienne Grébert crée une mini‐surprise en se hissant à la seconde place, avec entre 13,4% et 14% des voix. La candidate EELV a déjoué les sondages en arrivant devant le candidat du RN André Kotarac (entre 12% et 12,9%) et la socialiste Najat Vallaud‐Belkacem (entre 11,2% 11,6%). Elle s’attribue de fait le leadership de la gauche locale. Le candidat de la majorité présidentielle Bruno Bonnell (LREM) enregistre de son côté une contre‐performance avec seulement 9,4% des suffrages estimés.

19h45 – Historique - Une abstention massive et historique, tous scrutins confondus. Comme à l’échelle nationale, la participation au premier tour des élections régionales est en chute libre, en très fort recul par rapport aux précédent scrutin de 2015.

19h25 – Un « empêchement démocratique » - La non‐distribution des professions de foi constatée par de nombreux habitants de la région a fait réagir sur Twitter les candidates socialiste et écologiste. Najat Vallaud‐Belkacem a dénoncé « un empêchement démocratique », tandis que l’équipe de Fabienne Grébert estime que cette situation n’est « pas normale ».

Les deux représentantes de la gauche sont annoncées en quatrième et cinquième position dans les sondages de ces dernières semaines derrière Laurent Wauquiez (LR), Andréa Kotarac (RN) et Bruno Bonnell (LREM).

19 heures - A peine un électeur sur quatre : 24,75% des inscrits s’étaient rendus aux urnes à 17 heures en Auvergne‐Rhône‐Alpes, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, soit moins que la moyenne nationale de 26,72% en France métropolitaine. Un score en chute libre par rapport aux dernières élections régionales (43,01%) et départementales (42,75%) de 2015.

Au bureau de vote n°43 de Villeurbanne, dans le quartier des Gratte‐Ciel, la situation était plus catastrophique encore, avec seulement 18% de participation enregistrée à 18 heures. « Je suis venue plus par habitude, j’ai l’impression que la politique n’intéresse plus grand monde », souffle Véronique, une retraité croisée devant l’école primaire où ont été installés les isoloirs. « Mon fils et mon mari sont restés devant le match de l’Euro de football, et franchement j’ai hésité à faire pareil », raconte cette jeune retraitée.

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A l’entrée d’un bureau de vote, ce 20 juin, dans le 7e arrondissement de Lyon. Photo : NB/Mediacités.

Plusieurs personnes croisées dans le bureau de vote regrettaient de ne pas avoir reçu dans leurs boîtes aux lettres les documents de propagande électorale (professions de foi et bulletins de vote). Ce dysfonctionnement national, attribué à la société Adrexo, le prestataire privé chargé de cette mission, a été pointé du doigt par l’Association des maires de France, l’Assemblée des départements de France et Régions de France dans un communiqué commun : « La défaillance du service public national des élections est inacceptable et ne peut qu’alimenter l’abstention », préviennent‐ils.


Comparatif des programmes, portraits de candidat, bilan du mandat Wauquiez, soubresauts de la campagne… Retrouvez toutes les enquêtes de Mediacités sur les élections régionales sur notre page spéciale :

Les élections régionales en Auvergne‐Rhône‐Alpes

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Par Nicolas Barriquand et Mathieu Périsse

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