La question peut sembler un brin technique. Et pourtant, elle influe en partie sur la vie quotidienne des quelques 350 000 habitants de la métropole nantaise qui empruntent les transports en commun. Tout comme, de façon plus globale, elle semble remettre en cause le fameux « coup d’avance » dont s’enorgueillissent les élus et la ville depuis que Nantes a été la première en France à réintroduire le tramway, en 1985. Cette question, c’est celle que, dans leur jargon, les techniciens nomment la « billettique ». En clair, les outils, cartes ou tickets, utilisés par les voyageurs pour emprunter bus ou tram, et la manière dont on contrôle leur validité.
Alors que la plupart des autres métropoles, à l’image de Lyon, Lille ou Rennes ont opté depuis longtemps pour des supports informatisés, cartes ou billets, Nantes conserve de son côté un mélange hétérogène de titres de transports. Elle tire à la fois sur la corde « gainsbourienne » de l’hommage aux années 1950 avec des tickets de carton sans bande magnétique à poinçonner. Et sur celle d’une modernité balbutiante, avec des cartes sans contact à la fiabilité approximative. Un grand écart technologique qui pose un certain nombre de problèmes. Difficile, en effet, de comptabiliser précisément les usagers des bus et trams de l’agglomération. Et pour cause les récents valideurs (pour les cartes) et les vieux composteurs (pour les tickets) ne communiquent ni entre‐eux, ni avec le système de navigation des trams et bus. Ce qui, là encore, interdit toute connaissance pointue de la fréquentation exacte du réseau de transport. Incongru, à l’ère des « smart cities » et autres « big datas » et alors que Nantes se présente justement comme une figure de proue des villes numériques.
Inclination humaniste
Cette bizarrerie pour l’un des réseaux de transports publics les plus respectés de France provient d’abord d’une inclination humaniste. « Dans les transports publics, pas question que la machine remplace l’homme, il faut de l’humain ! » Jean‐Marc Ayrault, ancien Premier Ministre et maire de la ville de 1989 à 2012, a longtemps justifié ainsi le refus d’une billettique entièrement informatisée, avec obligation pour tous de badger à l’entrée des véhicules. Pour lui, la modernité ne passait pas par ça. Surtout pour …