Parmi la multitude de questions et témoignages qui nous sont parvenus suite à notre appel à contributions sur le thème de la gentrification, plusieurs s’attachent à la question de la pression immobilière et à ses liens avec le processus d’embourgeoisement des villes. Pierre note, par exemple, que « les prix élevés de l’immobilier conduis(ent) de fait à sélectionner une population à l’aise financièrement ». Blandine, de son côté, s’interroge sur « l’importance de la spéculation immobilière dans l’accroissement des inégalités », tandis que Denis observe qu’une « part notable des biens immobiliers échappe désormais aux circuits traditionnels (agences, petites annonces, etc.) » et se demande dans quelle mesure ce processus nourrit « une forme de cooptation qui accélère la gentrification ». Éléments de réponse à Nantes, dans deux quartiers touchés à des degrés divers par la gentrification.
Première étape à Trentemoult, à une traversée de Loire du centre‐ville nantais. Trentemoult, son cachet d’ancien village de pêcheurs, ses ruelles piétonnes, ses maisons colorées, sa convivialité et… ses prix qui s’envolent ! « Aujourd’hui, je n’aurais pas les moyens d’acheter ma propre maison », confie Joël, technicien de laboratoire et propriétaire depuis 1998 dans ce quartier très prisé de Rezé. A l’époque, il avait déboursé 600 000 francs pour acquérir une maison de 80 mètres carrés sans jardin (soit 91 640 euros), repeinte en jaune puis en rouge. « Elle a sans doute triplé de valeur », calcule celui qui a assisté, ces vingt dernières années, à une profonde évolution de la sociologie du quartier. « Quand on est arrivé, la plupart des maisons étaient délabrées. Certaines avaient même encore un sol en terre battue, raconte …