Johanna Rolland a‑t‐elle attendu un éventuel second mandat pour tuer définitivement le père ? Sur le papier, c’est ce que son alliance avec Ronan Dantec et le mouvement Territoires 44 pourrait laisser penser. Finies les années Ayrault, celles du développement à tout crin de la métropole et de l’attractivité érigée en objectif principal de la politique municipale et en symbole inattaquable de sa réussite. Pour cette campagne municipale, la maire (PS) sortante vire de bord, en prônant si ce n’est un ralentissement de la croissance au moins un meilleur partage des richesses avec les territoires d’à côté. « Nous ne pouvons plus penser l’avenir des villes sans les campagnes et inversement, explique Johanna Rolland à Mediacités. La seule voie, c’est celle de l’alliance des territoires que j’ai initiée dans ce mandat. Désormais, les coopérations doivent changer d’échelle. C’est le sens de l’accord conclu avec Territoires 44 qui s’inscrit dans le nouveau contrat écologique et social que je propose. »
Voilà pour les explications formelles. Mais concrètement, qu’est ce que cela signifie ? Pour mieux comprendre, revenons au 11 octobre 2019. C’est ce jour là que sont officialisées les fiançailles de la maire de Nantes avec Territoires 44 et, surtout, avec son chef de file Ronan Dantec. Quelques semaines plus tard, ce dernier est même bombardé deuxième de la liste « Nantes en confiance ». Voilà qui donne une jolie touche verte ! Les observateurs saluent alors « la belle prise » politique de Johanna Rolland. Il faut dire que face à la stratégie d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) de présenter une liste dès le premier tour de l’élection municipale, la maire sortante se devait d’afficher un visage écolo dans le haut de la liste pour prouver sa ligne « sociale‐écologie ». Reste néanmoins plusieurs interrogations : que représentent réellement Ronan Dantec et son mouvement ? Et sont‐ils capables d’influer sur les politiques municipales et métropolitaines ?
Ronan Dantec, combien de divisions ?
Epineuse question. Car avant d’être un mouvement politique, Territoires 44 est avant tout une machine de guerre sénatoriale. Cette « association à objet politique », mise sur pied par Ronan Dantec avant les sénatoriales de septembre 2017, a vu le jour officiellement deux mois après sa réélection au palais du Luxembourg. Présidée par le maire de Chaumes‐en‐Retz, Georges Leclève, elle compte une trentaine d’adhérents. Essentiellement des maires ou conseillers municipaux de communes rurales, plutôt classés à gauche. Une mécanique efficace pour draguer les grands électeurs du monde rural, donc. Mais qui, faute de militants et de colleurs d’affiches, peut sembler limitée pour peser …