C’est à la fois le grand tabou et le paradoxe de l’agriculture française. Clé de voûte du système productiviste, le recours aux produits phytosanitaires reste un pilier essentiel à ce secteur alors que les données épidémiologiques sont formelles quant aux effets sur la santé humaine et la nature.
Un scandale sanitaire que Mediacités documente depuis des années. Dès 2017, nous alertions sur les chiffres de vente de pesticides sur la Loire‐Atlantique. Le département était en haut du classement des départements les plus consommateurs de produits phytosanitaires. Du côté des élus, des pouvoirs publics, les syndicats agricoles et de la MSA (Mutualité sociale agricole), on préférait tourner le regard sur les conséquences sanitaires de cette utilisation massive des produits chimiques.
Sept ans après, le monde agricole est rattrapé par la réalité. Les demandes d’indemnisation des agriculteurs victimes des pesticides explosent en France et en particulier dans les Pays de la Loire. La région est même la première au plan national en nombre de dossiers reçus au Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides : 118 dossiers en 2023, soit 18% des demandes d’indemnisation en France. Le Maine‐et‐Loire est même devenu l’année dernière le premier de France métropolitaine en nombre de demandes (48).
Si l’on compare les régions, Les Pays de la Loire dépassent les Antilles, pourtant fortement concernés par le scandale sanitaire de la Chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993.