Comment mesurer la gentrification ? Dans les nombreux messages que vous nous avez envoyés suite à notre appel à contributions, la question revient régulièrement. Souvent en formulant des demandes précises. « Quel est le profil des “gentrifieurs” ? Quel pourcentage de familles monoparentales ? Combien de mètres carrés sont concernés actuellement ? », nous questionne par exemple Guillaume. Parfois en faisant référence à tel ou tel quartier de l’une de nos quatre villes, à l’image d’Olivia qui « ne voi(t) pas vraiment de gentrification autour de chez (elle) », mais se demande si elle ne toucherait pas le quartier voisin de Bois blanc, près de Lille. De temps en temps en doutant purement et simplement de la possibilité d’une mesure, comme Laura à Nantes pour qui la loi SRU (qui oblige les villes à disposer d’au moins 25% de logements sociaux à l’horizon 2025) « complique la prise en compte réelle » du phénomène « dans les statistiques » et finalement « le relativise ». Bref, une diversité de remarques et de réflexions qui s’ajoutent à la complexité et à l’ambigüité du concept.
Car devant l’embourgeoisement de nos quartiers et de nos métropoles, nous sommes comme confrontés à une vague de chaleur mais privés de thermomètre : capables de ressentir le phénomène et d’en percevoir les variations, mais bien en mal d’en donner une mesure exacte. « La gentrification remodèle nos villes, pourtant il est très difficile de déterminer où et à quelle vitesse ce processus a lieu dans les centres urbains », notaient en mars dernier les membres d’une équipe franco‐canadienne de chercheurs à l …