Lundi 23 mars. Le confinement est en place depuis à peine une semaine. A deux pas du métro Reynerie, le hall d’entrée n°2 de la résidence Poulenc ne désemplit pourtant pas. Derrière la porte rouge, une petite main du trafic de drogue accueille les clients continuant à braver les restrictions de déplacement. Il est 18 heures. Dans une demi pénombre, six d’entre eux patientent, adossés contre les murs carrelés, à un mètre les uns des autres. Des moucherons virevoltent dans le rayon de soleil qui éclaire le lieu de négoce.
Le jeune homme, lui non plus, ne tient pas en place dans le vestibule. Le portable à la main, il prend la liste des commandes : résine de cannabis, herbe ou autre. « Je me fais chier chez moi alors je viens acheter un peu », glisse un étudiant en école de commerce ayant enfilé un jogging et un sweat à capuche. « Je suis allé ce matin à Bellefontaine et il y a eu une descente de flics, ajoute un quarantenaire au teint un peu pâle. Tout le monde est parti en courant. Alors me voilà ici ce soir. »
Quinze minutes passent. Le concierge informel fait entrer un homme plus âgé dans le hall d’entrée. L’échange a lieu derrière la porte donnant dans la cage d’escalier. Clients comme trafiquants, personne ne porte de masque. « Le gars nous a filé la drogue à main nue, mais a pris notre fric avec un gant, décrit l’acheteur d’une petite boulette de résine. Le prix a augmenté. J’ai payé 15 euros un truc qui en valait dix. » Ici, comme dans tous les points de revente de drogue, les tarifs flambent car les réserves diminuent. « Les frontières …