Alors que les regards se braquent sur la situation sanitaire dans les Ehpad, de nombreuses personnes âgées de plus de 65 ans vivant chez elles, en milieu périurbain et rural autour de Toulouse, passent inaperçues. Les plus alertes continuent à fréquenter leur jardin ; celles vivant dans des foyers d’hébergement récupèrent parfois des paniers de provisions de leurs proches. Mais leur isolement s’accroît de jour en jour.
Les infirmières libérales sont souvent les dernières personnes extérieures à leur rendre visite, en particulier lorsque les aides‐ménagères ont suspendu leurs tournées. « Environ 90 % de mes patients ont plus de 65 ans, estime Tésoue, infirmière libérale depuis 25 ans dans un cabinet de Revel, en Haute‐Garonne. Beaucoup bénéficient encore du portage des repas, mais d’autres ne voient vraiment que nous. On est leur seul lien avec le monde extérieur. On leur amène parfois le pain. Vraiment, je trouve que depuis le début de cette crise, ils morflent. »
Face à cette situation, Véronique, infirmière libérale installée depuis cinq ans à Lavaur, a décidé de renoncer à modifier ses habitudes : « Je me suis dit que la petite mamie de 97 ans qui m’attendait tous les matins avec un café, je ne pouvais pas lui dire « non » du jour au lendemain. Ça aurait été trop brutal pour elle… et pour moi aussi ». Alors, au bout de quelques jours, Véronique a repris le temps de s’asseoir 5 ou 10 minutes avec elle pour partager ce café. Tout en respectant les consignes de distanciation et les gestes barrières : « Je lave bien la tasse, je fais attention à mes gestes. Le respect scrupuleux de l’hygiène n’est …