Fusion des régions en Occitanie : tout ça pour ça ?

Six ans après le regroupement au forceps entre Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, le choc des cultures entre les deux anciens conseils régionaux s'estompe peu à peu. Mais les bénéfices qui en découlent continuent de susciter les interrogations.

hotel region occitanie
L'hôtel de Région à Toulouse. / © Gael Cérez

Fonctionnaire régional employé à Montpellier, Dominique avait vécu quelque temps à Toulouse auparavant. Un motif suffisant pour susciter la méfiance de ses collègues du Clapas (surnom occitan de Montpellier) qui craignaient une « infiltration » de leur service juste après la fusion entre les conseils régionaux de Midi‐Pyrénées et Languedoc‐Roussillon. À l’inverse, son parcours lui a valu la confiance de ses confrères toulousains rassurés par son bref passage sur les berges de la Garonne. « Tu as vécu à Toulouse, donc toi au moins tu nous comprends », s’est-il souvent entendu dire… 

L’anecdote en dit long sur la suspicion initiale et sur le « choc des cultures » entre deux territoires de près de trois millions d’habitants que pas grand‐chose ne prédisposait à regrouper. L’un coopérait plus naturellement avec l’Aquitaine dans la continuité de la Garonne et de filières aéronautiques et aérospatiales complémentaires, tandis que l’autre se tournait davantage vers le littoral et Provence‐Alpes‐Côte d’Azur (Paca).

« Historiquement, on ne peut pas dire qu’il y a eu une rivalité mais plutôt une ignorance entre les deux précédentes régions qui ont dû apprendre à se connaître », confirme Emmanuel Négrier, directeur du Centre d’études politiques de l’Europe latine à Montpellier et coordinateur, avec l’enseignant-chercheur toulousain Vincent Simoulin, d’un ouvrage collectif intitulé La fusion des régions. Le Laboratoire d’Occitanie (Presses Universitaires de Grenoble). Un chapitre y analyse la rencontre entre deux façons de faire diamétralement opposées, avec d’un côté un Midi‐Pyrénées technocratique, centralisé et « bon élève » soucieux d’une tenue rigoureuse des budgets, et de l’autre un Languedoc‐Roussillon aux nominations très politiques, volontiers adepte de la « commedia dell’arte » et présentant un chapelet de villes secondaires.
Les tensions de la fusion
Pour que ce grand écart ne provoque pas de déchirure, la présidente Carole Delga, élue en 2015, a créé un « pôle de transformation de l’action régionale » et organisé sept séminaires auxquels ont participé plus de 1 000 agents régionaux. Ces grands‐messes ont abouti à la production de deux documents intitulés « Cap 2020 », visant à inventer une culture commune, une « troisième voie …

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