Géographes, économistes, sociologues… Les spécialistes de l’aménagement du territoire sortent du bois. En avril dernier, après une mobilisation de grande ampleur contre l’autoroute Toulouse‐Castres qui a réuni 4 000 à 8 000 personnes dans le Tarn, c’est au tour des enseignants‐chercheurs d’exprimer leurs doutes sur l’utilité d’une telle infrastructure.
Dans une courte tribune qu’ils ont voulu publier – en vain – dans la presse locale (voir en fin d’article), huit enseignants‐chercheurs de l’institut universitaire de Champollion à Albi, sociologues ou géographes, ont critiqué publiquement ce projet d’autoroute, jugé « obsolète et anachronique ».
L’incohérence entre leur mission « d’enseignement et de sensibilisation au changement climatique et à ses conséquences » et l’A69 les a amenés à s’exprimer. « Dans nos cours, on parle de sobriété foncière et énergétique. Cette future autoroute ne colle pas avec ça. Nos élèves nous interpellaient beaucoup sur le sujet », explique l’un des signataires, François Taulelle, chercheur au CNRS en aménagement du territoire.
L’enclavement, une notion désuète
Ces enseignants remettent en question les principaux arguments avancés pour justifier l’A69 : le désenclavement du bassin Castres‐Mazamet et son développement. Pour soutenir le projet, les élus locaux insistent régulièrement sur le fait que le bassin de Castres‐Mazamet est la seule aire géographique de 100 000 habitants à ne pas disposer d’autoroute.
« Les recherches en aménagement du territoire n’ont jamais démontré que la création d’une infrastructure de transport était automatiquement synonyme de développement social et économique pour les territoires concernés », écrivent les enseignants‐chercheurs. D’autant que, selon François Taulelle, « l’agglomération Castres‐Mazamet n’est ni enclavée, ni une zone défavorisée, c’est un territoire attractif qui ne perd pas d’habitants ».
Ces propos sont partagés avec Julien Milanesi, économiste et maître de conférences à l’université toulousaine Paul Sabatier.