En 2020, trois cents et quelques promesses remplissaient le site de Moudenc2020.fr. Le 29 juin 2020, au lendemain de la réélection du maire sortant, l’accès à ces engagements de campagne a été désactivé, privant ainsi les Toulousains et les Toulousaines de la possibilité de faire le bilan d’un mandat aujourd’hui finissant.
Heureusement, Mediacités avait prévu le coup. L’ensemble des promesses ont été archivées quelques jours avant l’escamotage, puis restituées dans la rubrique Radar de notre site d’investigation locale. Sécurité, mobilités, culture… Dans la perspective des municipales 2026, nous allons faire le point sur chacune des quatorze thématiques répertoriées.
Avec seulement huit promesses, la santé n’est pas le chapitre le plus développé de l’argumentaire de campagne de Jean‐Luc Moudenc. D’après notre décompte, trois ont été tenues, trois autres le sont partiellement à ce jour et deux autres ont été abandonnées.
Les promesses tenues
Jean‐Luc Moudenc l’avait promis en 2020, il voulait “attirer d’autres acteurs de la santé sur l’Oncopole, au‐delà de la recherche sur le cancer”. L’élargissement du site de santé a bien été réalisé. Un institut hospitalo‐universitaire dédié à la recherche sur la vieillesse a ouvert en 2024, financé par un appel à projets de l’Agence Régionale de Santé. Dotée de cinquante millions d’euros, la structure, rattachée au CHU, a été construite à deux pas des labos de recherche sur le cancer. Le site s’est également enrichi d’une usine de biomédicaments gérée par la société Evotec inaugurée à proximité en 2024. La promesse est donc tenue.
C’est un projet très suivi dans le quartier Saint‐Cyprien. Géré par le CCAS de la ville de Toulouse, l’Ehpad Gaubert a mis en place un service « Ehpad hors les murs » en 2022. L’objectif : proposer aux personnes âgées dépendantes des ateliers (relaxation, créativité, gym, aide à la mémoire…), mais aussi un suivi de santé via des dentistes, orthophonistes, des kinésithérapeutes, nutritionnistes, des ergothérapeutes et des podologues.
« Deux personnes ont été embauchées pour suivre les usagers. C’est aussi ouvert aux aidants familiaux qui peuvent venir se former. Il y a beaucoup de demandes », apprécie Christine Torrent, présidente de l’association Saint Cypr” Quartier Libre.
Seul bémol, l’initiative souffrirait d’un manque de moyens. Elle aurait même été mise en pause quelques mois, courant 2024. « C’est reparti depuis janvier », assure‐t‐on à l’accueil de l’Ehpad. La directrice n’étant pas disponible, impossible de savoir combien de personnes ont bénéficié du service à ce jour.
Enfin, le maire de Toulouse avait promis de créer “un nouveau centre d’hébergement temporaire permettant d’accueillir, pour quelques semaines, des personnes âgées dépendantes qui résident encore chez elle”.
Dans cette optique, un nouvel établissement, « Les Oliviers », a ouvert en février 2024. Il offre 27 places pour des séjours temporaires, complétant ainsi l’offre du centre « Le Repos », limitée à 18 places.
Celles partiellement tenues
Dans un premier temps, la mairie a mis en place une mutuelle communale réservée aux habitants de plus de soixante ans, gagnant moins de 1 800 euros. En février 2022, la collectivité a fait appel à la mutuelle Just pour proposer ce service.
Comme nous le soulignions à l’époque, une interrogation subsistait cependant sur le tarif d’entrée qui semble plus élevé que celui annoncé par la municipalité. Cela n’aurait pas empêché 3 200 personnes, selon Actu.fr, d’y souscrire en deux ans. Un chiffre sans doute plus élevé aujourd’hui, puisque la limite de revenus a été relevée.
Comme indiqué dans la promesse initiale, celle‐ci n’était pas circonscrite aux seules personnes âgées. Selon le Journal Toulousain, une mutuelle dédiée aux « professionnels indépendants, autoentrepreneurs et demandeurs d’emploi » devait être lancée en 2022. Sa mise en œuvre est toujours en attente à ce jour.
En 2019, la mairie annonçait le remplacement des barquettes en plastique par des barquettes en cellulose. Une alternative qui n’a finalement pas été gardée, à cause de l’opercule en amidon de maïs, considéré comme trop fragile.
Six ans plus tard, au premier janvier 2025, tous les contenants en plastique ont finalement été remplacés par des versions en acier inoxydable. La mesure a coûté près de quatre millions d’euros à la collectivité, et a nécessité de créer des postes de lavage supplémentaires dans les cantines. La commune a même stoppé l’achat des boules de soja et de tofu soupçonnés de contenir des perturbateurs endocriniens, selon Jean‐Jacques Bolzan, élu toulousain chargé de l’alimentation.
La lutte contre les perturbateurs endocriniens dépasse‐t‐elle le cadre des cantines ? Oui, d’après Jean‐Jacques Bolzan, qui assure que « la municipalité en a fait un critère de commande publique ». De fait, d’après une délibération votée en 2021, plusieurs familles d’achats « à risques » doivent être totalement dépourvues de perturbateurs endocriniens en 2026 (alimentation, fourniture de nettoyage bâtimentaire et textiles, mobiliers, mobiliers urbains, matériaux, produits chimiques).
Reste que les informations disponibles sont peu nombreuses. Dans l’édition 2022 de son rapport développement durable, la collectivité annonçait la « construction d’un critère et d’une clause pour identifier les perturbateurs endocriniens et entrer avec le fournisseur dans une démarche de progrès pour substituer les produits concernés ».
L’année suivante, elle faisait état du remplacement des produits ménagers par des « produits écolabellisés » dans « toutes les prestations d’entretien des locaux » pour limiter la diffusion des perturbateurs endocriniens présents dans des produits chimiques.
Le rapport 2024 se contente de mentionner des « actions » sans les préciser. Difficile dans ce cas de savoir ce qui a été réalisé, combien cela a coûté et si la promesse est tenue complètement à ce jour.
En 2020, Jean‐Luc Moudenc promettait que chaque Toulousain disposerait d’au moins une maison de santé dans son quartier. L’enjeu est de taille puisque, selon notre enquête, plus de la moitié des Toulousains vivrait dans un désert médical.
Durant le mandat actuel, seize structures regroupant médecins généralistes et autres professionnels de la santé ont été ouvertes dans la commune, portant le total à vingt‐trois maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). Une vingt‐quatrième devrait ouvrir ses portes à la Reynerie d’ici juin prochain.
Cinq grands quartiers restent, eux, dépourvus de MSP :
- Amidonniers /Compans‐Caffarelli / Brouardel ;
- Sept Deniers / Ginestous‐Sesquières / Lalande ;
- Jolimont / Soupetard / Roseraie / Gloire / Gramont / Amouroux ;
- Pont des Demoiselles / Ormeau / Montaudran / La Terrasse / Malepère ;
- Fontaine‐Lestang / Arènes / Bagatelle / Papus / Tabar / Bordelongue / Mermoz / La Faourette.
Dans les quartiers concernés, les habitants déplorent un désert médical. « 18 000 habitants sur le quartier de Lalande et aucun médecin ! Cherchez l’erreur ! », s’indignait un résident sur la plateforme participative de la mairie, en septembre 2021.
Si la promesse est partiellement tenue, même les habitants de certains quartiers desservis peuvent se sentir éloignés du service promus par la mairie. « Une maison de santé existe à Saint‐Simon, mais même si cela fait partie de notre quartier, c’est beaucoup trop loin géographiquement ( 5,2 kilomètres), remarque Alain Boubee, président du comité de quartier Lafourguette. Au‐delà de la distance, les médecins de Saint‐Simon ne prennent pas les patients de Lafourguette. Donc c’est chacun pour soi. »
Celles non‐tenues ou abandonnées
Concernant le développement des « haltes répit » pour les malades d’Alzheimer, l’effort municipal reste timide. Avant les élections, Toulouse comptait une halte répit aux Pradettes et un centre d’accueil de jour à Purpan. Depuis, aucune nouvelle structure de ce type n’a été soutenue ou mise en place par la municipalité.
La promesse de soutien financier en faveur de la présence d’animaux dans les maisons de retraite n’a non plus été concrétisée. La loi nationale « Bien vieillir » de 2024 permet aux résidents de séjourner avec un animal de compagnie, mais, dans les faits, seuls deux des neuf Ehpad publics de la commune l’acceptent.
De nombreux critères administratifs et des contraintes pratiques, comme les allergies ou l’absence d’espace extérieur dans l’établissement, freinent cette possibilité. À notre connaissance, aucune aide financière spécifique n’a été apportée aux établissements pour encourager ces initiatives.
Et ailleurs ?
Depuis 2020, Mediacités passe au crible les engagements des maires à Toulouse, Nantes, Lille et Lyon. Toulouse se distingue par le plus grand nombre de promesses partiellement tenues, mais elle est aussi la seule ville avec des promesses non tenues. Selon notre décompte, seul un quart des promesses sont à ce jour complètement appliquées.
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