Un petit matin de décembre. Thierry Pauchet manque d’avaler son café de travers en consultant les annonces « immobilier » de La Voix du Nord. « J’ai découvert au coin d’une page que la ville vendait le collège Jean‐Macé, un joyau architectural, raconte le président délégué de l’opposition municipale à Lille. C’est la première fois qu’une cession ne fait pas l’objet d’un débat en commission d’urbanisme, où je siège depuis neuf ans. Je suis tombé du grenier à la cave ! »
L’acte de vente de l’ancien collège devrait être signé courant 2018, après la désignation d’un « lauréat » par un jury, comme le précise l’appel d’offres. La municipalité n’a pas l’obligation de passer par une telle procédure. « Mettre les promoteurs en concurrence permet, au‐delà du prix, de faire émerger des programmes ambitieux, explique Michel Vayssié, directeur général des services (DGS) de la ville. Nous sommes, par exemple, très fiers du projet de l’ancienne faculté de pharmacie, qui comprend une bibliothèque et une galerie d’art : une telle rénovation serait hors de portée avec des fonds publics. »
70 M€ de recettes depuis 2012
La vente de Jean‐Macé n’est pas une opération isolée. Contrainte de renflouer ses caisses, notamment en raison de la baisse des dotations de l’État (- 4 M€ en 2016, sur un budget de 465 M€), la ville de Lille vend peu à peu son patrimoine. Une « grande braderie » qui lui a rapporté 7,5 millions d’euros par an de 2012 à 2015. Ce sera encore davantage en 2016 (15 M€) et en 2017 (25 M€), grâce à la cession des terrains de la zone du Grand But à Lomme – une opération particulièrement juteuse.
Des ventes plus discrètes ont lieu régulièrement. Fin 2015, ce fut le cas de cette maison du Vieux‐Lille qui abritait l’agent de sécurité du Premier ministre Pierre Mauroy. Courant 2017, la municipalité va aussi se séparer de cinq logements de fonction attenants aux écoles.
« Parfois il vaut mieux vendre »
S’il a été “agacé” par le manque de débats autour de Jean‐Macé, Thierry Pauchet n’est pas opposé sur le fond à ces ventes : « Cela ne me choque pas que la ville, faute de moyens, cède des bâtiments du moment qu’elle s’assure du respect de leur qualité architecturale ». Même analyse du côté de l’association Renaissance du Lille ancien …