Au sortir d’une après‐midi de tractage dans le centre‐ville de Denain avec Sébastien Chenu, on se demande bien ce qui pourrait empêcher le candidat FN de 43 ans de devenir député du coin en juin prochain. L’accueil des riverains est chaleureux – au pire, courtois – et le refrain immuable : « Ici, à Denain, on fait tout pour les étrangers, rien pour les Français. » Dans le viseur, ces Roms curieusement installés dans cette ville sinistrée de 20 000 habitants. « Tous les bons Denaisiens sont partis, soupire Yvette, 55 ans. J’espère que, de là‐haut, mes parents et mes grands‐parents communistes ne m’en voudront pas trop pour mon vote. »
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François, biologiste à la retraite et ancien électeur communiste, est plus cash : « Trop d’Arabes et de Roms ! La ville se dégrade de jour en jour. » Avant la fermeture d’Usinor en 1979, Denain était l’une des cités les plus dynamiques du Nord. Elle comptait 30 000 habitants, dont une bonne moitié dépendait du géant sidérurgique. Il n’en reste plus que 20 000. Résignés pour beaucoup. « Y’a plus de commerces dans le centre, on ne sort plus que pour aller à Carrefour », déplore Serge, 69 ans, qui ne reconnaît plus sa ville. Donnée hallucinante, le taux de chômage des 18–25 ans avoisine… 60 % !
Si les rues du centre ne respirent pas la joie, les riverains ont envie de parler. Surprise : ceux d’origine maghrébine ne sont pas les derniers à soutenir notre commando FN. « Tenez bon ! » lance Ahmed, le poing levé, à l’intention de Sébastien Chenu, flanqué de trois militants dévoués. Cinq minutes plus tard, un quadra à l’accent arabe nous invite à saluer « Marine et Eric Dillies » (le candidat FN lillois, ndlr). Surréaliste ! Et lorsqu’un groupe de quatre copines voilées acceptent les tracts barrés de la mention « Au nom du peuple, Marine Présidente », en pouffant de rire tout en commentant « Ah, elle, c’est notre copine », on en vient à se demander si elles sont sérieuses…
Un aspirant‐député qui « fait le job »
« Les maghrébins …