Lille 3000, ovni institutionnel aux limites de la légalité

A la fois service public et structure privée, l'association culturelle entend garder le meilleur des deux mondes : les subventions et la liberté. Non sans périls, comme le montre ce deuxième volet de notre enquête.

TriPostal
Le Tri Postal accueille des expositions d'art contemporain et notamment celles organisées dans le cadre de Lille3000. Photo Creative Commons / Velvet

Mais qu’est‐ce donc que Lille 3000 ? Si la question est élémentaire, la réponse ne l’est pas du tout. La structure est née dans la foulée des événements de Lille 2004, année où la ville a été labellisée Capitale européenne de la culture. Voulant prolonger une dynamique unanimement saluée, la municipalité a créé une association chargée d’organiser « des manifestations artistique et culturelles de haut niveau destinées à un large public », fêtes, parades ou expositions. Les statuts de « Lille 2006–2008 » ont donc été déposées en préfecture du Nord le 23 décembre 2004. Présidente, Martine Aubry.

L’article 3 des statuts indiquait : l’association « a une durée limitée à son objet. Elle s’éteindra au plus tard le 30 juillet 2010 ». Cette disposition a visiblement été oubliée. Dès le début, l’usage a été de parler de  « Lille 3000 », mais l’association qui porte officiellement ce nom n’existe que depuis novembre 2015, date du dépôt des nouveaux statuts en préfecture. S’il y avait des statuts plus anciens à jour, nous n’en avons pas trouvé la trace. Très vite, l’association s’impose dans le paysage, devenant le bras armé de la ville dans le domaine de la culture. Pour les élus lillois, elle comble un vide laissé par l’administration officielle. La culture « était un service [municipal] très traditionnel où on mettait depuis des années tous les gens qui n’étaient pas aptes à autre chose, résume crûment Catherine Cullen, adjointe lilloise à la culture de 2001 à 2014. On les mettait à la culture parce que ça n’avait aucune importance ».

Entre Martine Aubry et Didier Fusillier, directeur artistique de Lille 2004, le courant passe bien. L’homme ouvre son épais carnet d …

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Par Erwan Seznec

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