L’affaire des noyés de la Deûle refait surface

Yohan Mutte, le principal suspect dans l’affaire du décès d’Hervé Rybarczyk, a été libéré de prison le 20 avril. Il a pourtant bien croisé la route du cinquième noyé de la Deûle, avec deux acolytes, le soir du drame. A l’occasion de la publication de ces nouvelles révélations, Mediacités refait le point sur cette ténébreuse affaire.

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Illustration Jean-Paul Van Der Elst

Après un an de détention provisoire, Yohan Mutte, principal suspect dans le dossier d’Hervé Rybarczyk, retrouvé dans les eaux froides de la Deûle le 23 novembre 2011, a été libéré le 20 avril dernier par le juge des libertés et de la détention du TGI de Lille. Ce colosse aux bras et cou tatoués, proche des milieux d’extrême-droite, a été placé sous contrôle judiciaire. Il a quitté le Nord Pas‐de‐Calais dans le cadre d’une mesure d’éloignement décidée par le tribunal. L’ancien membre des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) attend désormais d’être fixé sur son sort à l’air libre. Et pourtant ! Il a bel et bien croisé le chemin d’Hervé Rybarczyk lors de la nuit funeste du 11 au 12 novembre 2011, dans des circonstances que Mediacités est en mesure de dévoiler. 

Ce soir là, le guitariste du groupe rock‐punk Ashtones quitte La Chimère, boulevard Montebello à Lille, après le concert qu’il vient de donner. Il annonce à ses amis qu’il rentre rejoindre sa compagne Dorothée, à quelques centaines de mètres de là. C’est alors qu’il disparaît sans laisser de traces. Selon nos informations, il est avéré qu’Hervé Rybarczyk, 42 ans, croise en chemin, à 800 mètres de la Deûle, un groupe de trois hommes âgés de 24 à 28 ans : Yohan Mutte, Jeffrey D. et Aymeric V. Une dispute éclate. Les suspects ont expliqué aux enquêteurs s’être moqué d’Hervé Rybarczyk, qui était dans un état second. D’où l’altercation. Yohan Mutte affirme qu’il a récupéré la bombe lacrymogène que le guitariste venait de sortir de sa poche pour l’asperger. Mais tous nient catégoriquement avoir tué ou même poussé Hervé Rybarczyk dans la Deûle.

Faute de preuve matérielle dans le dossier d’accusation pouvant attester une responsabilité directe dans le décès d’Hervé Rybarczyk, Yohan Mutte a donc bénéficié à son tour d’une libération conditionnelle. Jeffrey D. et Aymeric V, eux, l’avaient obtenu dès l’été 2017. Ces éléments constituent le dernier rebondissement en date d’un fait‐divers hors normes qui n’en finit plus d’animer les discussions… tout en laissant sans réponse les familles endeuillées. Plus aucun suspect ne séjourne désormais derrière les barreaux. Et le mystère semble s’épaissir un peu plus.

Les étranges confidences d’un membre de l’ultra-droite

Il y a un peu plus d’un an pourtant, l’enquête avait pris un tour totalement inattendu avec quatre interpellations dans le milieu de l’ultra-droite. Un rappel des faits s’impose. A l’époque – soit près de six ans après la découverte du corps d’Hervé Rybarczyk – ces interpellations font suite aux révélations de Jérémy Mourain. Ce membre de la droite identitaire est alors incarcéré dans l’attente du procès pour violences aggravées d’un groupuscule néonazi, les White Wolves Klan (WWK), dont il était l’un des chefs. Lors d’un échange téléphonique passé en prison, l’homme confie à une connaissance « avoir tué un homme » et s’inquiète : « Pourvu que le juge n’aille pas chercher trop loin dans ma période lilloise ». Pas de chance pour lui, la police l’a placé sur écoute.

Dès lors, tout s’accélère. Les confidences de Jérémy Mourain permettent aux enquêteurs de remonter aux agresseurs présumés d’Hervé Rybarczyk – sans parvenir, toutefois, à mettre en cause Jérémy Mourain directement. Les 25 et 26 avril 2017, quatre personnes sont interpellées. Et trois individus (Jeffrey D., Aymeric V. et Yohan Mutte), sont mis en examen et écroués. Ils sont suspectés de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner en réunion, avec préméditation ou guet‐apens et avec arme ». Dans ce trio, Jeffrey D. et Aymeric V. font profil bas. L’un d’eux est militaire dans le sud de la France. Leur casier judiciaire est vierge et seront libérés sous condition à l’été 2017.

Yohan Mutte, lui, a un profil plus inquiétant. Ce skinhead, bien connu de la justice, a notamment fait la « Une » des journaux pour une agression dans un bar gay du Vieux‐Lille, le Vice & Versa, le 17 avril 2013. Pour ce méfait, il a été condamné à six mois de prison avec sursis. L’affaire des Noyés de la Deûle le ramène donc en prison, à la maison d’arrêt de Valenciennes. Jusqu’à sa libération du 20 avril. L’homme aurait pris ses distances avec la mouvance d’extrême-droite. Il aurait aussi bénéficié de sa bonne conduite en prison. Ceci ne veut pas dire qu’il est tiré d’affaire. L’instruction a été confiée à la juge Alexandre Moreau après le départ du juge Jean‐Michel Gentil l’été dernier. De source proche du dossier, il se dit qu’elle pourrait durer encore un an…

« Trop de choses étranges »

Pour les proches d’Hervé Rybarczyk, l’attente est insupportable. D’autant plus que l’enquête n’a eu de cesse de connaître de soubresauts éprouvants. Quand la police repêche le corps du musicien près du port fluvial, le 23 novembre 2011 – onze jours après sa disparition -, le procureur Frédéric Fèvre privilégie tout de suite la piste du suicide. « Tout laisse à penser à un geste désespéré (…), explique‐t‐il alors aux médias. Il était dépressif et suivait un traitement médicamenteux. Il avait déjà fait état d’idées suicidaires et, dans un passé récent, a perdu deux êtres proches. »

L’autopsie révèlera la présence d’alcool et de drogues dans le corps de la victime. Le moral d’Hervé Rybarczyk n’était pas au beau fixe, il est vrai. Alors qu’il a déjà perdu son frère, il endure la mort d’un ami proche le 9 janvier 2011. Ce dimanche‐là, Francis Collet, 42 ans lui‐aussi et membre des Ashtones, est tué d’une balle en pleine tête par un chasseur alors qu’il circule avec son groupe sur l’autoroute. Trop de drames à supporter ? Assurément pour le procureur, qui écarte la piste criminelle et saisit la Sûreté urbaine lilloise – et non la Police Judiciaire (PJ) en charge des quatre autres noyades.

Mais l’intime conviction des proches de la victime diffère depuis toujours. « Je suis sûre que ce n’est pas un suicide, nous confiait Agnès, son ancienne compagne, il y a un an lorsque nous avons commencé nos investigations (voir l’encadré « En coulisses »). Il y a trop de choses étranges. Par exemple l’endroit où il a été retrouvé. Ni près de la Chimère ni de son lieu d’habitation. Il n’avait rien à faire le long de la Deûle. Et puis on n’a pas eu le rapport d’autopsie. Pour moi, ils ont voulu enterrer l’affaire pour ne pas affoler la population. »

La crainte d’un « sérial‐pousseur »

Les autorités ont‐elles voulu éviter l’affolement de la population ? Là encore, un retour en arrière s’impose. Tout commence le 11 octobre 2010. Ce jour‐là, le corps de John Ani est retrouvé dans la Deûle, près du jardin Vauban. Ce Lillois de 33 ans avait disparu quelques jours plus tôt après une soirée chez des amis rue Gambetta. Quelques mois plus tard, en février 2011, des affichettes sont collées un peu partout à Lille : Thomas Ducroo, 26 ans, patron d’une concession de motos, n’a plus donné signe de vie après une soirée passée dans un bar du Vieux‐Lille, le 5 février 2011. Son corps est repêché le 23 février près du pont du Petit‐Paradis.

Le lien avec la mort de John Ani est immédiatement fait dans les médias. Le procureur de la République Frédéric Fèvre essaie de couper court à toute psychose lors d’un point presse au quai du Wault le 24 février : « L’autopsie réalisée hier soir a conclu à une mort par noyade (…) Pour l’instant, nous travaillons sur trois disparitions inquiétantes. Aucun lien n’est fait entre ces trois affaires, nous n’excluons aucune hypothèse. » Le 3eme cas, c’est celui de Jean‐Mériadec Le Tarnec. Cet étudiant de 22 ans a disparu le 20 février. Son corps est découvert dans la Deûle deux jours après celui de Thomas Ducroo.

A Lille, des rumeurs commencent à circuler. On craint un serial killer – ou « serial pousseur » – qui ciblerait les hommes jeunes alcoolisés sortant de soirées. Les abords de la Deûle commencent à être évités par les fêtards. Les médias nationaux s’emparent du sujet. Et voici que Lloyd Andrieu, un étudiant de 19 ans à la Catho de Lille, disparaît à son tour après une soirée dans le quartier Solférino‐Masséna. Son corps est retrouvé le 27 septembre dans les eaux sombres de la Deûle. Deux mois plus tard, celui d’Hervé Rybarczyk sera repêché.

Accidents ? Suicides ? Meurtres ? Toutes les hypothèses sont envisagées. Les années passent et l’enquête conclut à la thèse d’une succession d’accidents, sans lien les uns avec les autres. Sauf qu’à l’occasion du rebond judiciaire de la fin avril 2017, on apprend qu’une information judiciaire a été ouverte en juillet 2015 pour les procédures des cinq noyés de la Deûle. Des procédures initialement classées sans suite, les éléments recueillis à l’époque ne laissaient pas apparaître d’éléments suspects… Autre décision étonnante : le dossier passe à cette occasion des mains de la police judiciaire lilloise à celles de la gendarmerie – laquelle n’a jamais répondu aux sollicitations de Mediacités. L’enquête est en cours, rien ne filtre.

« Ne pas créer de psychose »

Mais pourquoi donc la gendarmerie est‐elle saisie de l’affaire ? Officiellement, il s’agit de porter un nouveau regard sur une enquête complexe. Mais en off, certains avancent que la police ne serait peut‐être pas allée assez loin dans ses investigations. Voire que des policiers entretiendraient des relations très étroites avec l’extrême-droite identitaire (voir aussi l’encadré ci‐dessous). L’insinuation fait bondir Joël Specque, ancien chef de la police judiciaire de Lille : « Les gendarmes comme les policiers ont des informateurs. On les préserve, mais il y a des limites. Non, pour moi, ils n’ont pas protégé des gens (d’extrême droite). »

Pour l’ex-DDSP (Directeur départemental de la sécurité publique) Jean‐Claude Menault, « la PJ n’a pas bâclé l’affaire. Il n’y avait pas d’éléments, pas de témoins. C’était le flou absolu (…) J’ai toujours pensé qu’il pouvait y avoir une ou deux poussées au total. Mais officiellement, j’étais un peu plus affirmatif sur la thèse de l’accident pour ne pas créer de psychose. » Pour le policier, la série morbide s’est arrêtée d’un coup à partir du moment où un « dispositif de surveillance a été renforcé pour certains soirs ».

Est‐ce si sûr ? Un soir de la Braderie 2017, deux trentenaires ont affirmé avoir été poussés dans la Deûle. Ils ont été sauvés par des CRS qui patrouillaient en zodiac. En janvier 2018, une jeune femme soutient avoir été poussée dans l’eau et en est sortie indemne. Le « pousseur » serait‐il de retour ? Existe‐t‐il seulement ? « Si pousseur il y a, personne ne l’a vu. Et les médecins légistes n’ont pas trouvé de traces de violence », précise Jean‐Claude Menault. Pas de quoi rassurer la population lilloise. A commencer par Martine Aubry : « J’ai toujours eu un doute majeur et pensé qu’il y avait un ou des pousseurs », confie‐t‐elle à Mediacités.


La piste de la chute accidentelle du jeune homme urinant dans la rivière en fait tiquer plus d’un. « La police, le procureur de l’époque nous ont pris pour des cons, assène Mary‐George Cappoen, la mère de Lloyd Andrieu (…) Pour moi, l’accident n’est pas possible. Je n’ai toujours pas de réponses. » Une amie de Lloyd, qui a préféré garder l’anonymat, ne croit pas davantage à la thèse de l’accident : « Je l’ai vu le soir‐même, il ne voulait pas rentrer trop tard, il ne voulait pas se saouler, glisse‐t‐elle. Il a pu faire une mauvaise rencontre. Je ne peux pas m’empêcher de penser que quelqu’un l’a emmené là‐bas. »

Maître Jacqueline Leduc‐Novi, avocate de Julie Ducroo, la sœur de Thomas, nuance les critiques : « Même si à l’époque il y avait des doutes et des rumeurs, l’enquête de police semble avoir été faite de façon complète. C’était comme trouver une aiguille dans une botte de foin. » Du côté des proches des victimes, la réouverture de l’enquête rouvre aussi les plaies. Julie Ducroo considère « qu’elle a été menée correctement » mais espère que la gendarmerie offrira « un oeil neuf sur le dossier ».

Les avancées lentes de l’enquête

Aujourd’hui, la justice a décidé de scinder les dossiers de disparition d’Hervé Rybarczyk et des quatre autres noyés. Mais même pour le cas du guitariste des Ashtones, les avancées sont minces. Les trois mis en examen démentent les allégations de Jérémy Mourain et le dossier de l’accusation serait encore vide en preuves matérielles, indique une source proche de l’enquête. Pas d’images de vidéo surveillance de la tragique soirée ; pas d’éléments sur le bornage du téléphone de la victime ; pas de traces de coups sur le corps d’Hervé Rybarczyk… Les avocats attendent toujours des retours de commissions rogatoires, d’auditions de proches mais aussi d’expertises psychologiques et psychiatriques demandées par les deux parties. Et puis il y a cette confrontation entre les amis d’hier, Yohan Mutte et Jérémy Mourain, devenus frères ennemis depuis que l’un a séduit la copine de l’autre, qui n’a toujours pas eu lieu.

En attendant la fin de l’instruction, on ne peut que se livrer à des hypothèses. La plus plausible serait que la thèse accidentelle soit confirmée pour quatre cas sur cinq. Il y aurait le cas isolé d’Hervé Rybarczyk d’un côté et une triste loi des séries de quelques jeunes ayant manqué de chance de l’autre. L’affaire des Noyés de la Deûle n’existerait donc pas vraiment. Mais dans l’entourage des victimes, on ne peut se résoudre à des spéculations. D’autant que certains témoins n’auraient pas été entendus, selon eux. « Je pense qu’à l’époque, ils (les policiers en charge de l’enquête, ndlr) n’ont pas pris la mesure du truc », estime une source policière.

Une mouvance identitaire puissante et inquiétante

En septembre 2017, les relations entre police et ultra droite ont été questionnées lors du procès de Claude Hermant, une figure identitaire jugé pour trafic d’armes, dont une partie de l’arsenal (470 armes) s’était retrouvé entre les mains d’Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attentat contre l’Hyper Cacher de 2015. Le procès, présidé par l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, s’est attardé sur les liens entre l’indic Claude Hermant et la gendarmerie. L’audience des gendarmes concernés s’est déroulée à huis clos partiel, preuve de la sensibilité du sujet. De quoi alimenter la machine à fantasmes d’une proximité entre services de l’ordre et identitaires.

Les identitaires sont bien ancrés dans les Hauts‐de‐France. Après la Maison flamande de Claude Hermant, lieu de regroupement nationaliste installé à Lambersart jusqu’en 2012, le bar La Citadelle, lancé par Génération identitaire et son chef de file Aurélien Verhassel, a ouvert en septembre 2016 dans le centre‐ville lillois, malgré une pétition hostile réunissant 70 000 signatures. Aux Bois‐Blancs, un autre quartier de Lille, la mouvance Chosen Few renaît de ses cendres depuis quelques mois sur une péniche. En juin 2015, le gang avait pourtant été démantelé et onze personnes mises en examen pour association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, transport d’armes en bande organisée, recel et extorsion. La péniche installée au Port fluvial avait été perquisitionnée et de nombreux objets saisis (armes, stupéfiants ou insignes néo‐nazis…).

Autre piste à ne pas oublier : Claude Hermant a été inquiété, fin 2009, dans une sombre affaire ayant déjà la Deûle en toile de fonds. Le 4 décembre, le corps d’un homme est aperçu par des promeneurs dans une malle, à Sequedin, au bord de la rivière. A l’arrivée de la police, la malle a disparu. Mais la voiture de Claude Hermant, conduite par l’un de ses proches, un certain Christophe Dubroeucq, se trouve sur place et l’homme est interpellé. Début 2010, le corps d’un habitant de Mons‐en‐Baroeul, Abdelaziz E., condamné pour proxénétisme, remonte à la surface. Mis en examen pour homicide volontaire et recel de cadavre, Christophe Dubroeucq est placé sous contrôle judiciaire en attendant la fin de l’instruction. Le parquet requiert finalement un non‐lieu. Fin de l’affaire.

En 2014 Christophe Dubroeucq devient indic pour la Police Judiciaire, comme l’explique le juge Trévidic lors du procès Hermant, en septembre dernier. A l’occasion de ce procès, Dubroeucq est condamné à quatre ans de prison pour trafic d’armes. En avril 2015, il avait été interpellé à la frontière tchécoslovaque. Dans son véhicule, un important arsenal acheté en Slovaquie qui lui avait valu une condamnation à quatorze mois de prison ferme par le tribunal de Zlin.

Peu après la mise en examen de trois individus dans le cadre de la disparition d’Hervé Rybarczyk, nous avons décidé de reprendre le dossier des Noyés de la Deûle de A à Z, sans parti pris. Pendant un an, nous avons contacté les familles des cinq victimes, leurs avocats, la police, la gendarmerie, des élus, Voie Navigable de France, les milieux associatifs, etc. Certains ont accepté de parler, souvent en off. Il a fallu trier, beaucoup, et vérifier chaque information car rumeurs et fantasmes alimentent cette affaire. Nombreux sont les proches à nous avoir témoigné leur certitude de la présence d’un ou plusieurs « pousseurs » les soirs des disparitions. Sans aucune preuve matérielle mais avec la profonde conviction que leurs proches n’ont pas pu se suicider ou chuter accidentellement.

Et puis il y a cette chape de plomb du côté des forces de l’ordre. En abordant la question des soupçons de liens entre ultra‐droite et police, un commissaire nous a raccroché au nez. A l’inverse, les « antifas » (militants anti‐fachistes) sont très bavards à ce sujet. De quoi alimenter quelques doutes sur la véracité de tous leurs propos. Enfin, il y a ce poids de la droite identitaire à Lille, véritable nébuleuse difficile à pénétrer. Et ces questions qui restent en suspens : comment cette ultra‐droite peut‐elle si facilement avoir pignon sur rue ? Que ce soit au bar La Citadelle ou dans cette péniche des Chosen Few aux Bois‐Blancs.

« Il n’y a pas d’indulgence de notre part, précise‐t‐on au cabinet de Martine Aubry. Les clubs privés comme La Citadelle sont couverts par la loi. La mairie n’a pour l’instant pas constaté de troubles à l’ordre public qui puissent justifier un procès‐verbal ou une fermeture. » Du côté de la Préfecture, on nous indique que les moyens d’action sont limités vis à vis de cercles privés gérés par des associations…

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Par Laurie Moniez et Marie Tranchant

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