Genfit, la « pépite » lilloise des biotechs qui inquiète

Vingt ans après sa création, le fleuron de la biotechnologie nordiste continue d’accumuler les dettes et les pertes pour un chiffre d’affaires ridicule. Rififi interne, salaire plantureux du PDG, Genfit ne serait-elle finalement qu’une biotech en toc ?

Genfit1
Depuis sa création en 1999, la société de biotechnologies Genfit n’a jamais dégagé le moindre bénéfice. Le total de ses dettes dépasse 160 millions d’euros. Photo : Google Maps

A peine 118 000 euros, soit l’activité d’une petite boulangerie. Voilà le chiffre d’affaires réalisé en 2017 par le laboratoire Genfit et ses 120 salariés. Avec 37 000 euros au premier trimestre, l’année 2018 ne s’annonce guère meilleure. La société, basée à Loos, reste une machine à brûler des capitaux. Depuis sa création en 1999, elle n’a jamais dégagé le moindre bénéfice. Le total de ses dettes dépasse 160 millions d’euros. Dans l’immense majorité des secteurs de l’économie, une telle situation serait inimaginable. Si Genfit tient, c’est parce qu’elle évolue dans les biotechnologies, domaine où les indicateurs comptables habituels ont été placés entre parenthèses. Mais l’inquiétude ne cesse de croître.

L’histoire de Genfit commence à la fin des années 1990. Jean‐Charles Fruchart, spécialiste mondial de l’athérosclérose [une maladie artérielle chronique caractérisée par des dépôts de lipides dans les artères], quitte l’Institut Pasteur de Lille (IPL) pour créer une société avec Jean‐François Mouney. Ce dernier abandonne quant à lui la direction d’Eurasanté, le pôle biotechnologies, santé et nutrition de la métropole. Ensemble, ils espèrent transformer en traitement commercialisable une molécule au profil prometteur, la GFT505. Personne ne sait très bien à quoi elle sert, mais les tests suggèrent un lien fort avec le diabète. Le produit pourrait soigner certaines complications et améliorer la sensibilité à l’insuline. Le marché potentiel est suffisamment grand pour que les fondateurs lèvent des fonds sans difficulté. A l’époque, les grands laboratoires pharmaceutiques se bousculent pour signer des partenariats. Et l’institut Pasteur de Lille prend 5% du capital.

Las ! Les deux décennies suivantes se résument à une longue liste de déceptions
Des communiqués sans lendemain
Tous concernent une seule et même molécule, la GTF505/Elafibranor. Genfit n’annonce jamais formellement l’arrivée d’un nouveau traitement, mais l’optimisme affiché laisse penser, à tort, que ce n’est plus qu’une question de temps.
– « De nouvelles données précliniques montrent qu’elafibranor empêche le développement de cancers liés …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 8 minutes

Favorite

Par Clémence de Blasi et Erwan Seznec

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a atteint son premier objectif.
Pour garantir notre indépendance et contribuer au développement d’une presse locale d’investigation, aidez-nous à aller plus loin et à atteindre 110% d’ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

Chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 30 secondes