Méthodique, étage après étage, il sonne à la porte de chaque appartement. T‑shirt noir, veste en jean, croix autour du cou, François Schmitt est en mission, résidence Alsace à Moulins. Le militant de La France Insoumise (LFI) n’a pas de tracts à distribuer. « Je viens écouter ce que les gens ont à dire sur leur immeuble, sur leur quartier, sur la ville », explique‐t‐il avec un large sourire au locataire qui vient d’ouvrir, son bébé dans les bras. Le jeune papa lui demande de repasser un peu plus tard, quand sa compagne sera de retour. Deux portes plus loin, une vieille dame explique qu’elle ne « bouge plus » de chez elle. À l’étage du dessous, une quinqua dynamique confie qu’elle ne sent pas toujours en sécurité. « Quand on prend le premier métro pour aller travailler, parfois on a peur de ce qu’on va trouver », souffle‐t‐elle.
Comme François, une dizaine de partisans de La France Insoumise sillonnent le quartier populaire de Moulins, calepins à la main, en ce samedi après‐midi de juin. « Nous recueillons les problématiques des habitants avant de susciter éventuellement des actions collectives, explique Habib Haddou, éducateur spécialisé et co‐animateur du groupe LFI de Moulins. Si dans une résidence, quinze habitants dénoncent l’insalubrité des lieux, nous pourrons les aider à monter une mobilisation contre le bailleur social. »
Parler aux résignés de la politique
Depuis juin dernier, des militants LFI expérimentent la « méthode Alinsky », un outil de mobilisation des quartiers populaires. Icône de la gauche américaine, le sociologue Saul Alinsky (1909–1972) a enquêté sur les gangs à Chicago et dans les prisons. Il …