Lille‐Moulins : comment la drogue pourrit la vie d’un quartier

En 20 ans, ce quartier populaire de Lille est devenu un véritable supermarché de la drogue à ciel ouvert - mais aussi d'armes de toutes sortes. Les consommateurs de stupéfiants s’y retrouvent pour le plus grand malheur des habitants qui subissent la loi des dealers.

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Illustration Jean-Paul Van der Elst

Le Moulins ouvrier, ancien faubourg de Lille, a disparu. Plusieurs vagues de grands travaux ont transformé son visage, comme Mediacités vous l’a déjà raconté. Mais sans parvenir à résoudre ses problèmes. Un quartier encore plus paupérisé l’a remplacé, avec un taux de pauvreté qui culmine à 37,5 % contre 24,6 % pour l’ensemble de la ville. Le trafic de drogue y prospère. Cette mutation douloureuse, le médecin généraliste Michel Kolacinski y a assisté. Il était même aux premières loges.

« Dans les années 1970, j’étais étudiant et je résidais place Fernig, raconte‐t‐il. Les cafés alentours étaient remplis d’ouvriers. » Installé depuis 1983 à Moulins, le docteur a pu voir sa patientèle se modifier. Une évolution accélérée par l’irruption d’un véritable fléau. « Les années 1990 marquent un tournant avec l’arrivée de la drogue, relève‐t‐il. Une partie de la population familiale a déménagé au gré des démolitions. Elle a été remplacée par une population plus défavorisée. » Depuis, il y a une permanence de la Croix Rouge, un centre d’hébergement pour sans abri, un squat de migrants, un camp de Roms…
Deal à ciel ouvert
Si Lille est devenue au cours des dix dernières années une « véritable plaque tournante du trafic de drogue en raison notamment de la proximité des frontières belges et néerlandaises d’où les produits sont acheminés », comme la maire Martine Aubry a pu l’écrire dans une lettre au ministre de l’Intérieur, Moulins en constitue son premier rouage. Situé à proximité des axes autoroutiers, particulièrement bien desservi par les transports en commun, le quartier paie cher sa position stratégique, très prisée par les dealers et leurs clients. La situation est aujourd’hui jugée « critique ».

La présence des toxicomanes est particulièrement visible. Les points de deal se sont multipliés à des endroits très repérables : à la Porte de Valenciennes ; à la jonction des rues de Trévise et Jean Jaurès et également place Jacques Febvrier, à quelques mètres de la station de métro Porte d’Arras. Les transactions se font en plein jour, au vu et au su de tous. Le va‐et‐vient des clients est un ballet qui pourrit la vie des habitants, à tel point qu’on …

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Par Nadia Daki

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