A première vue, on ne peut pas vraiment dire que la recherche soit le point fort de la région des Hauts‐de‐France. Avec près de 9 500 chercheurs, dont la moitié en entreprise et l’autre en laboratoire, elle n’emploie que 4 % de la population totale de la région, le plus faible taux national en dehors de l’outre-mer. Cette proportion est deux fois plus faible qu’en Bretagne, trois fois moindre qu’en Occitanie et quatre fois inférieure à celle de l’Ile-de-France ! Ce qui se traduit logiquement au niveau de l’effort financier consacré à la recherche. Rapporté au PIB de la région, il est lui aussi l’un des plus bas de France avec 3,41%.
Mais tout ne peut se réduire à une fatalité statistique. Car la région se rattrape avec la présence de quelques locomotives d’envergure nationale – voire internationale – dans la santé (Pôle hospitalier universitaire, Eurasanté, Institut Pasteur de Lille…), dans les nouvelles technologies (Euratechnologies, Iemn, Inria…) ou dans l’enseignement supérieur (Université de Lille, Université Catholique, Grandes écoles…) et par la présence de 51 laboratoires du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) disséminés sur le territoire. Un tissu attractif qui permettait à la région de séduire près de 225 000 étudiants dans l’enseignement supérieur en 2016–2017. Ce qui situe cette fois les Hauts‐de‐France à un honorable quatrième rang national derrière l’île-de-France, Auvergne Rhône‐Alpes, et l’Occitanie.
« Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Des chercheurs qui trouvent, on en cherche », raille l’adage. Eh bien des chercheurs qui trouvent, Mediacités en a trouvés de beaux spécimens dans les Hauts‐de‐France. En voici un petit échantillon.
Suzanne Crumeyrolle traque la pollution aux particules fines
Maître de conférence en Physique à la Faculté des sciences et technologies de Lille et chercheuse au Laboratoire d’optique atmosphérique à Villeneuve d’Ascq.
Après un passage de deux ans à la Nasa, la prestigieuse agence spatiale américaine, Suzanne Crumeyrolle intègre son laboratoire actuel en 2013. Elle convainc alors ses confrères, qui étudient les nuages et la pollution atmosphérique en altitude, de l’intérêt d’étudier l’air près du sol. « Ce n’est pas neutre : c’est celui que nous respirons ! », pointe la jeune chercheuse de 37 ans. Elle décide d’installer un boîtier de mesure de la pollution sur le toit du labo, au cœur du campus de la Fac de sciences. Ce qui l’amène à constater que la quantité de particules fines à Lille flirte quasi en permanence avec la limite des taux recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Pour affiner ses mesures, la chercheuse travaille sur la mise au point d’un petit capteur portatif. C’est ainsi qu’elle découvre, lors d’un trajet métro‐labo‐dodo, que