Le stade
Respirer Calais jouait à domicile dans la salle polyvalente du Minck, un quartier populaire près du port. En début d’année, la tête de liste et avocate en droit du travail Virginie Quénez (parti communiste) y avait déjà présenté son équipe et son programme. Pour un collectif qui se veut rassembleur, on ne voit qu’une tête : celle de Virginie Quénez, placardée à outrance sur les quatre murs de la salle. Hasard du calendrier, l’enceinte avait été choisie la veille par Natacha Bouchart pour son dernier meeting de campagne. « Ca sera moins triste qu’hier. Il va y avoir du monde », lance un syndicaliste avant le début de l’événement. Avec 300 supporters, l’affluence était la même pour les deux meetings.
L’équipe
La sélection « Respirer Calais » réunit pour la première fois des représentants de cinq partis de gauche (parti communiste, parti socialiste, Europe Ecologie les Verts, Generation.S et France insoumise) et 25 personnes issues de la société civile. De quoi rendre difficile la composition de l’équipe appelée à jouer la rencontre ? Apparemment non. « Il faut avoir de l’impact », assène le secrétaire de la section locale du Parti socialiste, Teddy Lauby, à l’échauffement. Faisant l’impasse sur le collectif, les dirigeants des différentes formations sont tombés d’accord pour mettre en avant la meneuse Virginie Quénez et son numéro deux, l’attaquant écologiste Christophe Duffy.
L’ambiance en tribunes
« La Révolution, toujours dans la rue ! » Un morceau latino à la Mano Negra accueille les supporters. Le public est plutôt familial, crânes chauves, cheveux blancs et tignasses d’enfants. Ni drapeaux, ni banderoles. Parmi les membres du collectif, reconnaissables à leur badge Respirer Calais, les communistes se distinguent par leur maillot floqué d’un marteau, d’une faucille et d’un slogan « on lâche rien ».
Au coup d’envoi, changement d’ambiance. La montée sur scène de Ludovic Guyot, arbitre de la rencontre et chauffeur de salle, est acclamée. « On va vous redonner espoir », martèle‐t‐il. « On va gagner ! », répond l’assemblée. Le président du groupe communiste au conseil départemental évoque « l’alternative d’un renouveau et d’un avenir meilleur ». Encore un peu et l’assemblée galvanisée pourrait se transformer en bande d’ultras.
Une première mi‐temps dominée par les tacles
Christophe Duffy est le premier à entrer sur le terrain. Dès les premières secondes du match, le conseiller municipal Europe Ecologie Les Verts livre un style de jeu offensif et charge les équipes adverses. Première cible : « celui qui ne situait pas Calais sur une carte il y a six mois », à savoir Marc de Fleurian, candidat du Rassemblement national, ancien militaire breton parachuté dans la ville. Passement de jambe rapide, Christophe Duffy embraye sur une pique contre le dissident frontiste, Rudy Vercucque, « pas parachuté mais débarqué » avec ses propositions « fourre‐tout ». Petit croche‐pied au passage à destination de Laurent Roussel (conseiller municipal sans étiquette, mais élu sur la liste de gauche en 2014), dont le candidat écologiste confie qu’il n’a « pas lu son programme, puisqu’il n’en a pas ».
Le n°2 de Respirer Calais réserve toutefois ses tacles les plus agressifs à Natacha Bouchart, « mélange de belle au bois dormant et de superwoman ». Une manière de dénoncer l’inaction de l’édile durant ses deux mandats suivie d’un volontarisme soudain à l’approche des élections. Eclairage, voiries, économie…il passe en revue les propositions de la maire, « un catalogue de promesses dignes de La Redoute ». L’attaquant fustige aussi un « bilan calamiteux », citant tour à tour les mauvais chiffres du chômage ou le coût du Dragon de Calais.
Après une vingtaine de minutes, l’arbitre Guyot siffle la fin de la première partie. Christophe Duffy regagne le banc de touche. On essaye de maintenir l’effervescence durant la mi‐temps : dans une vidéo tournée au smartphone et diffusée sur grand écran, la gauche adresse un carton rouge à la maire sortante pour ses projets de parcs d’attraction Spyland et Heroic Land, qui n’ont jamais vu le jour.
Un jeu plus subtil en seconde mi‐temps
Gonflés à bloc, les supporters accueillent la capitaine, Virginie Quénez, par une standing ovation. Check à son équipe, arrivée à petites foulées et la joueuse est prête à en découdre. Pour cette seconde mi‐temps, la tête de liste propose un jeu plus fin que son coéquipier. Entre énumération de ses mesures phares et piques adressées à ses rivaux. « Nos propositions en matière d’emploi s’articulent sur plusieurs axes : un parc d’attraction… », sourit‐elle avant de marquer un silence. L’assemblée s’esclaffe. « Pourquoi vous rigolez ? », s’amuse la prétendante au poste d’édile. Plus sérieusement, elle détaille ensuite sa tactique économique : plan de relance du centre‐ville, développement de la production d’énergie locale renouvelable, ou encore inscription de Calais dans un « territoire zéro chômeur de longue durée ».
Virginie Quénez jongle alors entre propositions en matière de démocratie, d’éducation et d’écologie. Elle termine sa prestation en évoquant la crise des migrants. Elle cite pêle‐mêle ses projets : instauration de conseils des migrants, hébergement citoyen des demandeurs d’asile… « C’est mieux que d’instaurer un couvre feu ou des barbelés. » Enième attaque à destination du candidat du Rassemblement national et de la maire sortante. « Appuyons là où ça fait mal », exhorte Virginie Quénez pour conclure cette prestation plus technique que musclée. La tête de liste brandit le bulletin de vote Respirer Calais et lance un dernier appel pour le match décisif de ce dimanche 15 mars : « [Le gouvernement a] le 49.3, nous avons le 15/3. »
Les absents
« Notre première victoire a été celle de réunir tous ceux qui comptent à gauche », lançait Virginie Quénez en début de meeting. Grand absent de cette liste de la gauche presque réunifiée : Lutte ouvrière. Le parti d’extrême gauche est épargné par les attaques. Une chance que n’a pas eue Laurent Roussel, qualifié par Christophe Duffy « d’idiot utile de madame Bouchart » au « charisme de tribun du café du commerce ».
Figure de la politique régionale, l’eurodéputé et ex‐maire de Grande‐Synthe, Damien Carême ne figurait pas parmi les supporters, ce mardi soir. Quant à l’ancien maire communiste (2000 – 2008) Jacky Hénin, assis au fond des gradins, il n’a pas pris la parole
Des absences qui n’ont pas entamé la confiance de Virginie Quénez : « Au départ, (Natacha Bouchart) était sûre de gagner. Aujourd’hui, après notre bataille, elle a le trouillomètre à zéro. » Vraiment ? Dans le seul et unique sondage paru début février sur Calais, Natacha Bouchart est donnée étonnamment gagnante dès le premier tour avec 56 % des intentions de vote ! Respirer Calais n’est créditée que de 25 %.
Merci à Alice et Antoine .…
Je préfère Calais à Dunkerque !