Sur le bateau des Hauts‐de‐France, secoué par la crise sanitaire et des élections municipales atypiques, les « grands projets » tanguent. Rares sont ceux qui ne sont pas réexaminés, soupesés, modifiés ; les porteurs de ces énormes investissements, privés ou publics, ont besoin de se rassurer sur leur faisabilité et même sur leur pertinence. Le plus colossal de tous, le Canal Seine‐Nord Europe, devrait en toute logique échapper aux doutes : son plan de financement a été bouclé avant que le coronavirus ne fige le monde et Xavier Bertrand en a pris les rênes dès la fin du confinement. Mais c’était compter sans le rapport de la Cour européenne des comptes, rendu en juin : elle estime que les prévisions de trafic sur la future voie fluviale ont été surévaluées et questionne sa rentabilité. Si le grand chantier n’est pas compromis, son débouché paraît encore bien nébuleux.
Au coeur de la métropole lilloise, le programme d’habitat de Saint‐Sauveur (2 400 logements sur le papier), doublé de la réalisation d’une piscine olympique, est soumis au même genre de tension paradoxale : Martine Aubry, à la tête d’un exécutif municipal homogène, est en position de concrétiser son projet favori ; mais l’infime écart qui l’a séparée, lors des élections, des écologistes contestant les modalités d’urbanisation de la friche, réduit sa marge de manoeuvre… Elle comptait sur le soutien du président de la MEL pour imposer ses vues mais il n’est pas sûr que Damien Castelain, pris dans une tourmente judiciaire, puisse longtemps rester à la barre de l’intercommunalité…
Oui, les temps sont incertains, pour les mairies et intercommunalités, comme pour les entreprises. Les convois lancés à toute allure sur les routes d’avant pourront‐ils garder leur trajectoire ? Ne sont‐ils pas devenus anachroniques en l’espace de six mois ? Mediacités fait le point sur sept « projets dans la brume ».
Villeneuve d’Ascq : le réaménagement du centre‐ville en question
Tout a été étudié et organisé, depuis un bon moment. Jusqu’aux gîtes souterrains de chauves‐souris, préservés. La partie de Tetris immobilier qui doit transformer le centre‐ville de Villeneuve d’Ascq se présentait bien pour ses promoteurs. Mais les dernières élections ont modifié la donne.
La première manche a commencé et ira à son terme : c’est le déménagement du magasin Leroy‐Merlin, de l’autre côté du boulevard de Tournai, à l’ombre du grand stade. Sur un terrain de neuf hectares, dit de la Borne de l’Espoir, l’enseigne veut réaliser une « vitrine du vingt‐et‐unième siècle », offrant 23 500 mètres carrés de surfaces de vente et d’exposition. Sur le reste de la parcelle, le promoteur Aventim doit faire sortir de terre 26 000 mètres carrés de constructions. Mais ce n’est pas tout : en lieu et place de l’actuel supermarché du bricolage, Aventim prévoit de développer au cours des prochaines années des logements, des commerces, des activités tertiaires et un h …