Hauts‐de‐France : l’Avesnois se rebiffe contre l’invasion des patatiers

Ce territoire d’élevage et de bocage est confronté à une explosion des surfaces cultivées en pommes de terre. Les acteurs locaux s’élèvent contre les exploitants adeptes de pratiques agricoles intensives, dont certains viennent de Belgique et des Pays-Bas.

Avesnois
Une haie arrachée par un patatier le long d'un chemin à Trélon, dans l'Avesnois. Photo : Simon Henry

« Quelque chose a changé par ici. Il y a des endroits que je ne reconnais plus. » A bord de son véhicule tout‐terrain, Thierry Reghem nous emmène visiter sa commune, celle de Trélon où il a été élu maire en juin 2020. Peuplée de quelque 3 000 habitants, le village fait partie du parc naturel régional de l’Avesnois. Un territoire aux confins du département du Nord, qu’il connaît comme sa poche pour y avoir presque toujours habité. Avant de décrocher l’écharpe municipale, il a été l’adjoint durant 25 ans de François Louvegnies, son prédécesseur. C’est à ses côtés que Thierry Reghem a assisté au bouleversement du paysage. Des changements liés à une véritable invasion : celle de la pomme de terre.

Bouleversement du paysage
Thierry Reghem quitte la départementale pour emprunter une petite route. Celle‐ci sépare un lotissement récemment construit, avec des charmantes maisons impeccablement alignées et un champ distant de quelques mètres seulement des habitations. « Vous voyez ce terrain ? Avant, il y avait de l’herbe ; c’était une belle prairie avec des haies comme on en trouve beaucoup dans ce territoire. Maintenant, comme vous pouvez le voir, c’est seulement un champ de terre. » Thierry Reghem continue de rouler jusqu’à ce que de l’eau obstrue la chaussée. « Il y a encore quelques années, l’eau ne pénétrait pas sur la route. J’en sais quelque chose, affirme‐t‐il. Je fais mon jogging ici depuis longtemps. »

Comment l’expliquer alors ? Le maire pousse sa voiture un peu plus loin et s’arrête le long du champ. A un endroit précis où les haies qui longeaient le chemin ont disparu : elles ont été arrachées. L’eau s’écoule à travers un trou béant, le terrain n’arrive plus à l’absorber. « C’est un exemple parmi tant d’autres de pratiques culturales dont on n’avait pas l’habitude dans le coin. Ces agriculteurs fragilisent le sol, qui n’arrive même plus à retenir l’eau. Ils détruisent des éléments naturels pour leur business. »

Le champ appartient à un agriculteur néerlandais, producteur entre autres de pommes de terre. Il s’est installé ici en 2015, et a racheté au moins 70 hectares de terrain à Trélon et à Ohain, la commune voisine. Mais, selon Thierry Reghem, l’agriculteur possèderait davantage de terres. L’élu redémarre sa voiture, rejoint la départementale en direction de la Belgique et pointe du doigt des terrains sur le chemin. « Là, c’est à lui ; ici aussi ; il y a aussi là‐bas », indique‐t‐il, donnant l’impression que cet agriculteur s’est bâti un empire. Impossible de le confirmer, toutefois, puisque l’agriculteur a …

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Par Simon Henry

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