Un oiseau rouge et jaune, pas plus gros qu’un poing fermé, enroulé dans un filet très fin : voilà à quoi ressemble le chardonneret élégant lorsqu’il est capturé. Bien que la capture, la détention et l’élevage non déclaré de passereaux constituent une violation du code de l’environnement (la peine encourue est de trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende), c’est l’une des espèces les plus braconnées en France et particulièrement dans le Nord. Le chardonneret figure pourtant sur la liste rouge des espèces « vulnérables », publiée par l’Union internationale de la conservation de la nature, le 3 mars dernier.
« Ramener de petits oiseaux, à côté de grosses affaires comme des meurtres, ça peut paraître dérisoire », concède Jean‐Michel Vasseur, chef‐adjoint de l’antenne du Nord de l’Office français de la biodiversité (OFB), un établissement public surnommé « police de l’environnement ». Vingt à trente perquisitions ont tout de même lieu dans le Nord chaque année, permettant la saisie d’environ 2 000 oiseaux.
Le Nord, plaque tournante du trafic d’oiseaux
« Vendre des oiseaux, c’est un vrai commerce », témoigne Martin Windels, un ancien policier belge aujourd’hui membre du Groupement ornithologique et naturaliste (GON). La population de passereaux a diminué de moitié en dix ans, selon l’UICN. Une baisse impressionnante, principalement due à l’utilisation massive de pesticides et à la disparition de leur habitat naturel, mais aggravée par le braconnage. Au temps des mines, les ouvriers descendaient sous terre avec des passereaux, hypersensibles aux émanations de gaz, pour prévenir les coups de grisou. Cette tradition ornithologique a perduré jusqu’à aujourd’hui …