Entre machisme et harcèlement, la difficile féminisation des pompiers du Nord

Sapeur-pompier est encore très majoritairement un métier d’hommes. Si un plan départemental existe depuis peu pour développer la place des femmes au sein du SDIS 59, il se heurte à la misogynie ambiante et à la difficulté de libérer la parole des victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Affiche Pompier 3
Illustration Jean-Paul Van der Elst

Si vous êtes un homme, mettez‐vous un instant dans la peau d’une femme. Imaginez que vous pénétrez dans un univers très majoritairement masculin. Celui des pompiers, où l’esprit de corps est tel qu’il faut parfois accepter de relativiser certains comportements, passer outre, ne pas se formaliser. Tout en sachant poser des limites : celles de la dignité. Voilà comment Caroline* vit son engagement chez les soldats du feu du Nord.

Sapeur‐pompier volontaire depuis plusieurs années, elle assure en moyenne deux astreintes par semaine. Souvent au sein d’une même équipe, avec les mêmes collègues avec qui elle a noué des relations fortes. Parmi eux, un homme particulièrement porté sur les blagues misogynes, sources d’un profond sentiment de malaise. « C’était toujours sous couvert d’humour. Mais au fond de moi, je savais qu’il plaisantait à moitié », confie Caroline, consciente que la situation pouvait déraper d’un moment à l’autre. Elle ne s’était pas trompée.

« C’est allé graduellement. Des blagues, il est passé aux sous‐entendus très malsains. Je m’étais coupé les cheveux un jour et il m’a fait cette réflexion : “Qu’est-ce que tu cherches en faisant ça ? » Comme si je cherchais à l’aguicher. Je l’ai remis directement à sa place : je ne pouvais pas laisser passer ça. Des collègues étaient là et, pour ne pas perdre la face devant eux, il a renchéri. Son honneur était en jeu. Mais il a ensuite franchi la limite de l’intolérable. » En clair, celle de l’agression sexuelle.

Pour ne pas compromettre l’anonymat de ce témoignage, nous avons fait le choix de ne pas détailler les faits exacts et le contexte de cette agression. Tout juste peut‐on dire que Caroline a été victime d’attouchements. Une affaire désormais entre les mains de la police judiciaire.
« C’est un milieu clairement macho »
L’histoire de Caroline fait froid dans le dos. Mais est‐elle une exception ? Au cours de cette enquête, nous nous sommes penchés sur quatre cas de harcèlements ou d’agressions sexuelles commis par des sapeurs‐pompiers du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) du Nord entre 2014 et 2020. Quatre affaires dans lesquelles, parfois, plusieurs femmes ont été victimes du même agresseur, celui‐ci ayant pu sévir pendant plusieurs années avant que l’alerte …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 8 minutes

Favorite

Par Simon Henry (avec Nadia Daki)

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a atteint son premier objectif.
Pour garantir notre indépendance et contribuer au développement d’une presse locale d’investigation, aidez-nous à aller plus loin et à atteindre 110% d’ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

Chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 30 secondes