Hauts‐de‐France : les faux‐semblants de la « normalisation » du RN

Tête de liste du Rassemblement national aux régionales, Sébastien Chenu met en avant des candidats transfuges de la droite classique pour accréditer l’idée que la « dédiabolisation » du parti est finie. Mais la composition des listes départementales trahit les limites de cette ouverture politique et les tensions avec le « canal historique » du Bassin minier.

Chenu Bus Marquise RN
A Marquise, le bus du candidat et quelques militants du RN qui font le marché le 1er avril dernier. Crédit MR pour Aletheia Press

Lancé à la conquête du Conseil régional des Hauts‐de‐France, Sébastien Chenu a repris le flambeau de Marine Le Pen. Et il le tient plutôt haut. Enquête après enquête, les sondages placent le « chouchou » de la présidente du Rassemblement national, comme celui‐ci aime à se présenter, sur les talons de Xavier Bertrand. En cas de triangulaire (voire de quadrangulaire) au second tour, le retard du député de Denain sur le président sortant de la région n’est estimé qu’à un ou deux points. Soit dans la marge d’erreur des sondages… Cette année, le RN et sa tête de liste entendent bien « ne pas se faire voler la victoire » par un nouveau front républicain.

Alors, depuis quatre mois maintenant, Sébastien Chenu fait campagne. Il sillonne la région dans un bus où son visage s’affiche en grand à côté de celui de sa patronne. Ce qui ne l’empêche pas de revendiquer une certaine indépendance. « Les personnalités n’ont pas gagné lors des régionales de 2015 : regardez les défaites de Marion Maréchal en PACA, de Louis Alliot en Occitanie et de Marine dans les Hauts‐de‐France, observe‐t‐il. On est plus près de la victoire que la dernière fois. Ma personnalité ne provoquera pas de barrage. »

« Ma personnalité ne provoquera pas de barrage »

« Sébastien Chenu n’est pas aussi clivant que la présidente du RN, confirme le politologue Pierre Mathiot. Le front républicain au second tour en sortira affaibli. Mais son déficit de notoriété le handicape : il fera moins que Marine Le Pen. » Sans locomotive aussi puissante qu’en 2015, c’est donc la composition de la liste de 170 candidats qui pourrait faire la différence. Une liste que le député du Nord dit avoir construite seul : « Il n’y a eu aucune retouche après sa présentation à la commission d’investiture », affirme‐t‐il. Nous verrons plus loin que tout le monde, en interne, ne partage pas cet avis.

Observons pour commencer que cette liste ne compte que 42 % de conseillers régionaux sortants. Ce renouvellement s’explique en partie par la série impressionnante de défections qui a marqué le groupe du RN en cours de mandat : 14 élus sur 54 – soit un quart d’entre eux – ont en effet claqué la porte du parti de Marine Le Pen. L’hémorragie a en fait été nationale… « Oui, il y a eu beaucoup de départs depuis 2015. Ceux qui ont suivi [Florian] Philippot notamment, explique Sébastien Chenu. Et ceux qui ont compris qu’on ne les solliciterait plus vu leur manque d’implication. »
Syndicaliste CFTC et Madame Tout …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 11 minutes

Favorite

Par Morgan Railane, Aletheia Press

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes