C’est un tableau excel de 1 711 lignes qui n’en finit plus et qui m’aura donné bien du fil à retordre. Extrait difficilement du site internet du département du Nord, il détaille l’ensemble des organismes qui ont reçu des subventions sous forme d’actions d’intérêt local (AIL) de la part des élus départementaux en 2021. Chaque année, ces derniers disposent d’une enveloppe de quelques milliers d’euros pour soutenir, selon leur bon vouloir, diverses structures, à l’exception des associations culturelles et politiques.
D’un achat de lave‐linge à l’aide pour le transport de pigeons voyageurs, aucune logique ne semble guider l’attribution des subventions, comme nous l’expliquions déjà en début de semaine dernière. « Tout le problème est là, nous expliquait Aurore Granero, maître de conférence à l’université de Bourgogne et membre de l’Observatoire de l’éthique publique. Les collectivités n’ont pas véritablement de politique d’attribution des subventions. On ne sait pas vraiment sur quels critères repose leur attribution et comment s’effectue la répartition. »
Sur Internet, les Bleuets n’existent pas
Dans le « top 10 » des plus grosses sommes versées en 2021, on retrouve 10 000 euros attribués aux « Bleuets de Roubaix » par les élus départementaux et conseillers municipaux roubaisiens Karima Zouggagh et Max‐André Pick. La subvention a été votée le 13 décembre 2021, soit le jour où ils ont quitté leurs fonctions respectives de vice‐président aux finances et de conseillère départementale déléguée à l’insertion du conseil départemental du Nord en raison de leur condamnation en première instance pour fraude fiscale (les deux élus ont fait appel du jugement). Nous avons donc décidé d’aller voir de plus près à quoi avait servi l’argent public.