Ils se sont regroupés dans la cuisine d’une maison en brique au sud de Lille. Ils ne font pas les mêmes métiers, n’ont pas le même âge… Tous, pourtant, ont un point commun : leur maison est située à proximité de l’usine Exide Technologies, à cheval entre la commune de Lille et de Faches‐Thumesnil. En ce jour de septembre, ils sont quatre autour de la table : les quadragénaires Laure Hervieu et son compagnon Wael El Khader, habitants du quartier depuis 2004, Jean‐Luc Delierre, 58 ans, fin connaisseur des environs, et Anne Delvigne, 51 ans, l’hôte de la réunion. En tout, le collectif Sud plomb, dont ils font partie, fédère une cinquantaine de sympathisants.
Implantée de 1880 à 1921 à Faches‐Thumesnil, sur l’actuel parc Tudor, Exide Technologies déménage à Lille‐Sud après sa destruction lors de la Première Guerre mondiale. Spécialisée dans la fabrication et la distribution de batteries au plomb, l’entreprise transforme encore, au début des années 2000, 10 600 tonnes de plomb par an. Vingt ans plus tard, l’usine ne fonctionne plus qu’au ralenti. Ce sont désormais 4 600 tonnes de plomb qui sont transformées par l’usine chaque année. Face à la diminution drastique de sa production, Exide Technologies perd son statut Seveso « haut » le 16 mars 2022. Le lendemain, les habitants reçoivent un courrier dans leur boîte aux lettres.