Le ton est martial, l’ambiance de nuit digne d’une confrérie secrète aux rites brutaux. « En rang ! », hurlent des dizaines d’étudiantes et étudiants à autant de jeunes qu’ils ont fait aligner devant eux. Un tube techno aux accents vikings commence à couvrir leurs voix. « Un par un, let’s go, n’avancez pas trop vite », puis « allez, allez, avancez ! », et enfin « arrêtez‐vous là, stop », reprennent‐ils, conduisant le groupe comme un troupeau ou un convoi de détenus, jusqu’à un bâtiment de plain‐pied.
Une partie des étudiants qui crient ont le visage masqué par des foulards, nimbé par les fumigènes que certains tiennent à la main. Arrivés à destination, les leaders forment une haie et brandissent des seringues remplies d’alcool : les étudiants qu’ils ont guidés jusqu’à eux doivent ingérer plusieurs fois leur contenu, en quelques secondes, pour pouvoir arriver au bout de la file. « Alleeez, plus vite que ça ! », exhortent les meneurs. L’une des jeunes femmes contraintes de boire grimace et recule la tête.
Alcoolisation et séances d’humiliation
Ces scènes figurent dans une vidéo, tournée à l’automne 2022, que Mediacités s’est procurée. Elle atteste une fois de plus que les étudiants de la faculté de médecine Henri‐Warembourg de Lille subissent chaque année du bizutage, confirmant notre première enquête publiée en septembre.
Les bizuteurs font partie du groupe des « Thorgal », nouvellement entrés en troisième année (Med3, dans le jargon de la fac) ; les bizutés sont des « Arkane » (Med2), fraîchement admis en …