Fin mai, l’un des plus gros foyers d’accueil d’adolescents du Nord s’est retrouvé brutalement privé de ses principaux dirigeants et de la moitié de ses éducateurs. Suite à la mise à pied du directeur et d’un chef de service de la maison d’enfance à caractère sociale (MECS) Albert Châtelet de Mérignies, au sud de Lille, une quinzaine de travailleurs sociaux (sur un effectif total de 28 personnes) avaient en effet décidé, par solidarité, de se mettre en arrêt maladie. Quatre d’entre eux ont, par la suite, été sanctionnés d’une mise à pied.
Ce foyer accueille en temps normal quelque soixante‐dix adolescents placés par un juge pour les protéger de leur famille ou pour des raisons judiciaires. Impossible d’encadrer des jeunes connaissant d’énormes difficultés dans de telles conditions ! Deux directeurs provisoires et des éducateurs intérimaires ont donc été dépêchés en urgence par l’Alefpa, l’association dont dépend la MECS, afin de lui permettre d’assurer a minima ses missions. Mais comment en est‐on arrivé là ?
La direction de l’Alefpa met en avant un défaut de management et des soupçons de favoritisme. Une bonne partie des salariés évoquent quant à eux un racisme latent. Une accusation suffisamment grave pour que Mediacités cherche à en savoir plus.
Audit sur le management
A l’origine, tout part d’une « commission d’enquête et d’écoute », qui s’est déroulée en mars et en avril dernier pour faire la lumière sur d’éventuels problèmes de management. « Elle fait suite au signalement que j’ai effectué auprès de la direction, renseigne Ali Laazaoui, le secrétaire CFTC du comité social et économique (CSE). Des salariés s’estimaient lésés par rapport à d’autres et dénonçaient des violences de plus en plus importantes de la part des jeunes. »
Une vingtaine de personnes ont été auditionnées pendant deux mois par des membres du CSE, les ressources humaines et le directeur territorial de l’Alefpa dans les Hauts‐de‐France, Ivan Delaunay. « On a pris le temps d’écouter tous les corps de métier pour comprendre ce qu’il se passait », insiste celui‐ci.
C’est à l’issue de cette commission d’enquête que des mises à pied sont prononcées en mai. Elles sont suivies de licenciements pour faute grave mi‐juin. Le directeur, le chef de service ainsi que quatre travailleurs sociaux sont renvoyés. Un coup de massue pour les intéressés mais aussi pour leur équipe. « Je ne m’attendais pas à de telles sanctions », reconnaît le secrétaire du CSE, pourtant à l’origine du signalement.
Venu spécialement à la MECS de Mérignies pour rencontrer Mediacités, le directeur général de l’Alefpa, Olivier Baron, à la tête de …