C’est un des symboles du nouveau Lille Sud. Posé à l’entrée nord du quartier, Lillenium offre au visiteur la vision d’une architecture audacieuse avec ses hauts murs de béton blanc et sa verrière géante en forme de poisson. Ce temple de la consommation de 56 000 mètres carrés illustre la volonté des pouvoirs publics de transformer radicalement cette partie de la ville, reléguée derrière un bout de périphérique et une voie de chemin de fer. Sauf que cette promesse d’une modernité un peu clinquante est loin de concerner tout le quartier.
À quelques mètres à peine, dans l’une des courées de la rue Simons, l’ambiance est en effet toute autre. Tout y est sale et délabré. Un vieux sommier côtoie ce qui reste d’une télévision au milieu d’ordures en tous genres. Seuls les tags des façades apportent un peu de couleur à cette venelle sombre et décrépite. La plupart des maisons sont murées, ce qui ne veut pas dire inhabitées. Des ouvertures ont été percées, fermées par de petites portes en tôle sur lesquelles de gros cadenas ont été apposés. Les squatteurs doivent se plier en deux pour rentrer chez eux.
250 millions pour le plus grand quartier de Lille… et le plus pauvre
Cela fait pourtant plus de vingt ans que la requalification de Lille Sud est engagée. Au début des années 2000, 250 millions d’euros d’argent public ont été mis sur la table pour sortir de la précarité cette zone de 300 hectares qui compte, en son milieu, un des plus grands cimetières de France. Le plus grand quartier de Lille est aussi le plus pauvre et le plus peuplé avec près de 21 000 habitants. De fait, le nombre d’équipements publics sortis de terre en peu de temps est impressionnant : commissariat central, halle de Glisse, salle de spectacles Le Grand Sud, pôle scolaire Malo Painlevé rénové, piscine Plein Sud…
Les subventions publiques ont aussi permis au centre commercial Lillenium de voir le jour alors que ses opérateurs privés …