Prévention spécialisée : le chantage aux maires du président du Nord pour financer ses économies

Le budget départemental finançant les éducateurs de rues va subir une coupe de 3 millions d’euros... à moins que les villes ne mettent la main à la poche. Une forme d’ultimatum de Christian Poiret, le patron de l’exécutif nordiste, qui dresse contre lui les maires et les associations qui s’occupent des jeunes en difficulté.

Manif prévention
Les travailleurs sociaux ont donné de la voix à Lille, le 6 février dernier, pour dénoncer leur manque de moyens. Photo : Eden Sakhi Momen

« Educateurs sacrifiés, jeunesse en danger », « Quand la Poir(et) mûre, il faut qu’elle tombe », « Dépar‐tu‐mens », pouvait‐on lire sur les pancartes des manifestants qui ont investi les rues lilloises, le 6 février dernier. Quelque 1 300 travailleurs sociaux venus de tout le département, et même d’ailleurs, ont fait gronder leur colère sous les fenêtres du siège du département du Nord. La plupart d’entre eux ont directement interpellé son président, Christian Poiret, qui envisage de supprimer 3 millions d’euros dans le budget de la prévention spécialisée, soit une baisse de 25 % par rapport à l’année 2024. Des coupes dramatiques annoncées dans un secteur social aussi essentiel que fragile.

Les associations réunies dans le collectif « Touche pas à ma prev’ » organisent la riposte et annoncent une nouvelle mobilisation le 12 mars prochain pour « maintenir la pression face au rapport de force que [leur] a imposé M. Poiret ». La mission de la prévention spécialisée consiste à « aller auprès des jeunes et des familles en situation de marginalisation pour les remobiliser, que ce soit dans les collèges ou dans la rue. Cela permet de créer du lien, et de les accompagner dans leurs difficultés et dans leurs projets », rappelle Mourad Chikhi, directeur adjoint de l’Association d’Education et de Prévention (AEP), qui agit dans le secteur de Roubaix et de la Sambre Avesnois.

Figures incontournables des quartiers classés prioritaires de la politique de la ville (QPV), les éducateurs de rue sont présents depuis plusieurs décennies dans de nombreuses communes du département. Leur rôle a notamment été remarqué durant la période Covid, ou après les émeutes ayant suivi la mort de Nahel Merzouk, fin juin 2023. L’an dernier, 10 000 jeunes ont pu être accompagnés dans le Nord.

Outre le contexte généralisé de rigueur budgétaire, les départements sont pénalisés depuis quelques années par la baisse des ventes immobilières. Cette tendance les prive des taxes intégrées dans les frais de notaires, qui constituent une part importante de leurs ressources financières. Une disette qui aurait poussé Christian Poiret à « faire des choix », selon lui.

Alerté brutalement par le d …

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Temps de lecture : 7 minutes

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Par Eden Sakhi-Momen