« C’est une organisation qui ressemble pratiquement à une start‐up, il y a une très bonne ambiance. » Dans une vidéo publiée en 2022 afin de convaincre de nouvelles villes de rejoindre La Fabrique des quartiers, la société publique locale d’aménagement de la métropole européenne de Lille (MEL), Karim Amrouni vante le climat social de l’entreprise qu’il préside. Le conseiller municipal de Roubaix, chef de file du principal groupe d’opposition, en a pris la tête en septembre 2020, succédant ainsi à son adversaire, le maire de Roubaix Guillaume Delbar. Mais l’élu semble tout ignorer du malaise qui y règne.
C’est du moins ce qui ressort des entretiens réalisés par Mediacités avec une dizaine d’anciens salariés et collaborateurs de la structure. Leurs témoignages mettent en cause Vincent Bougamont, directeur de la Fabrique depuis quatorze ans, pour son management jugé brutal, notamment par des femmes. L’une d’entre elles dénonce une « violence institutionnalisée », une autre compare le fonctionnement interne à une « dictature ». De son côté, le responsable, fonctionnaire détaché de la MEL, reconnaît « être exigeant » mais « conteste ces accusations de management toxique avec la plus grande vigueur ».
Cette situation est d’autant plus étonnante qu’elle dure depuis longtemps sans que les collectivités actionnaires historiques de la société publique – la MEL et les communes de Lille, Roubaix et Tourcoing -, n’aient véritablement réagi. La Fabrique des quartiers est pourtant leur bras armé en matière de « requalification et de revitalisation des quartiers d’habitat anciens dégradés ». Elle bénéficie d’un statut particulier qui lui permet d’être leur prestataire privilégié dans leurs projets urbains, sans aucune concurrence. En 2023, cinq nouvelles villes ont rejoint le conseil d’administration. Ensemble, ces actionnaires publics apportent plus d’un million …