« Convocation par la mission d’inspection. » Depuis fin février, plusieurs dizaines d’étudiants, d’enseignants et de membres du personnel de l’école nationale supérieure d’Arts et Métiers (Ensam) de Lille défilent au rectorat pour être auditionnés.
Le ministère de l’Enseignement supérieur a chargé l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) de mener une enquête administrative sur « la situation » au sein du campus d’ingénieurs lillois. Le terme choisi par les inspecteurs euphémise une crise profonde entre la directrice Catherine Davy et les quelque 500 étudiants de l’école qui se surnomment « les Gadz’Arts » – littéralement « gars des arts ».
Une élève accuse la directrice de l’avoir étranglée
La directrice est visée par deux plaintes déposées par deux élèves. Une étudiante de première année accuse la responsable de l’avoir saisie à la gorge le 11 novembre, lors d’un rassemblement clandestin organisé dans l’une des cours de l’école. Ce soir‐là, l’étudiante participe à un événement interdit quelques heures plus tôt par la directrice.
La date marque l’entrée dans la semaine la plus stricte de l’intégration « gad’zarique » des 150 élèves de première année : c’est leur « semaine noire ». Une période durant laquelle différents rites sont organisés entre anciens et nouveaux élèves pour s’assurer de la bonne transmission des valeurs de l’école.
Catherine Davy, qui se dit régulièrement confrontée à des débordements sur le campus depuis sa prise de fonction en juin, veut empêcher les étudiants de se rassembler en soirée au sein de l’école. En fin de journée ce 11 novembre, elle envoie un mail à l’ensemble des Gadz’Arts pour les prévenir que le campus est désormais accessible uniquement entre 7h30 et 20h, du lundi au vendredi, et cela « jusqu’à nouvel ordre ».
Sauf que les deuxième année ont déjà donné rendez‐vous à leurs camarades de première année pour vérifier leur bon apprentissage des traditions depuis le début de l’année scolaire. Et pas question pour eux de renoncer à la coutume. Ce contrôle de connaissances s’inscrit dans un héritage ancien qu’ils ont eux‐mêmes appris de leurs aînés. Ils maintiennent la cérémonie contre l’avis de la directrice.
Comme ils l’avaient prévu, les étudiants se rassemblent aux environs de 20h dans l’une des cours du campus. Pour défiler jusqu’à la salle où doit se tenir l’examen, un groupe d’élèves de première année forme le cortège caractéristique des Arts et métiers – [voir cette vidéo sur la place de la République à Lille pour saisir le concept], appelé “monôme”.
Catherine Davy …