Les doubles facturations du maire de Givors

Martial Passi, le maire de Givors, a profité de ses mandats à la Métropole de Lyon et à l’Association des maires de France pour se faire rembourser deux fois des mêmes frais liés à ses fonctions. Une affaire qui s’ajoute à la prise illégale d’intérêt pour laquelle l’élu comparaît au tribunal de grande instance de Lyon ce vendredi.

Martial_Passi_Givors
Martial Passi doit comparaître devant la justice le 16 juin pour "prise illégale d'intérêt". photo : blog M.Passi

« Faire comme à Givors », dit le dicton lyonnais pour décrire une situation où l’on s’affranchit des règles. L’expression locale n’a jamais été si bien utilisée que par Martial Passi, maire de la ville depuis 1995. Depuis l’après-guerre, le parti communiste dirige sans discontinuer cette ancienne cité industrielle de 20 000 habitants à mi‐chemin entre Lyon et Saint‐Etienne. Un positionnement stratégique que Martial Passi a su faire fructifier pour sa propre carrière. L’homme cumule les mandats et fonctions : 12e vice‐président de la Métropole de Lyon en charge des Déplacements, il est devenu en 2015 vice‐président du Sytral, le syndicat mixte des transports de l’agglomération, et président de Lyon Métropole Habitat, le bailleur social né de la scission de l’Opac du Rhône. Sur le plan national, on le retrouve également vice‐président de la puissante Association des maires de France (AMF).

Une multitude de casquettes dont Martial Passi sait habilement tirer profit. Comme nous sommes en mesure de le révéler, l’élu se fait parfois rembourser les mêmes frais par différentes institutions. Une lecture contestée – pour ce qui concerne la ville de Givors – par les services de Martial Passi. Leur ligne de défense : « les doublons » auraient été introduits par erreur dans la liste de frais imputés au budget de la commune dont nous publions un extrait (lire notre encadré « En coulisses ») avant d’être retirés. C’est pourtant bien cette liste que la mairie a transmis à la Chambre régionale des comptes fin 2015, avant, selon elle, de lui fournir un rectificatif en décembre 2016… plus d’un an plus tard, une fois que l’opposition municipale s’est mise à s’intéresser à cette question. C’est également sur la base de cette même liste que Martial Passi avait répondu, en début d’année, aux questions de nos confrères du Progrès sur certains de ses frais, sans en contester la validité.

Sommes relativement petites mais pratiques édifiantes

Les nombreuses responsabilités de Martial Passi impliquent d’inévitables réunions, déjeuners de travail et autres déplacements. Les dépenses avancées par l’élu sont en théorie prises en charge par telle ou telle institution en fonction de la nature du déplacement ou de la réunion. Et si certaines collectivités, comme la Métropole, ne règlent la note que sur présentation des justificatifs, la mairie de Givors a une conception plus floue du contrôle de l’argent public. D’après les documents que Mediacités a pu consulter, le maire de Givors a « cumulé » des remboursements de frais à plusieurs reprises lors de l’exercice 2015. Si les sommes ne concernent que quelques centaines d’euros, elles restent édifiantes quant aux pratiques du vice‐président de la Métropole de Lyon.

Cas d’école, ce déjeuner de travail « sur les questions d’économie dans les transports publics », le 2 novembre 2015. Ce jour‐là, Martial Passi s’attable au restaurant …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 9 minutes

Favorite

Par Mathieu Périsse / We Report

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif à atteint la moitié de l’objectif. Mais nous avons encore besoin de votre aide.
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes