Impossible de le manquer quand on parcourt l’avenue Vivier Merle. Au numéro 114, le logo vert et orange d’April s’étale sur la vaste façade vitrée de l’Aprilium 1. C’est dans cet immeuble, à deux pas de la gare Part‐Dieu, que l’assureur lyonnais côté en bourse a installé son siège social. Pour des centaines de salariés du groupe (1200 personnes travaillent entre ce bâtiment et son annexe l’Aprilium 2, situé à proximité avenue Félix Faure), il est synonyme de lieu de travail. Pour le président et fondateur d’April Bruno Rousset, il représente aussi une très lucrative opération immobilière, entachée d’un conflit d’intérêts et d’entorses au code du commerce. Une marque de fabrique pour le patron lyonnais…
Comme l’ont découvert Mediacités et Mediapart, entre 2008 et 2016, April a versé la bagatelle de 52 millions d’euros à la holding personnelle de Bruno Rousset, Evolem, pour louer des immeubles, dont les Aprilium 1 et 2. Une fois déduits les intérêts des emprunts souscrits pour financer les travaux de construction, l’enrichissement net se chiffre à environ 45 millions d’euros. Un pactole qui doit beaucoup à l’opération immobilière de l’Aprilium 1.
Après seulement neuf ans de location, les sommes versées par le groupe à la holding de Bruno Rousset sont déjà supérieures au coût du bâtiment. Le montage, élaboré en violation de la législation sur les conflits d’intérêts, pourrait s’apparenter à de l’abus de biens sociaux. Il ressemble à celui de l’affaire Richard Ferrand, ex‐ministre et président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, visé par une enquête judiciaire pour avoir fait louer un local appartenant à sa femme par la mutuelle bretonne qu’il dirigeait.
Un loyer de plus de 3,8 millions d’euros par an
Faisons un bond d’une dizaine d’années en arrière. Le Grand Lyon a entrepris …