Ces entrepreneurs lyonnais au service de l’école de Marion Maréchal

Passé le buzz de l’ouverture, l'Issep, la nouvelle pépinière des cadres d'extrême-droite dirigée par la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, cherche toujours des financements... et des élèves. Une quarantaine d'entreprises lyonnaises ont déjà soutenu le projet.

France Far Right
Marion Maréchal lors de l'inauguration de l'Issep, le 22 juin 2018. Photo : Sipa

A dix euros la tasse ou deux euros le stylo, c’est une affaire. Bien en vue, les produits dérivés attendent sagement des visiteurs à l’entrée de l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques (Issep), l’école dirigée par Marion Maréchal (ex‐Le Pen), dans le quartier de Confluence à Lyon. Le lieu est presque désert en cette fin de journée automnale. Derrière la vitre du studio média, Thibaut Monnier, le cofondateur de cette école privée hors contrat et conseiller régional Rassemblement National (RN, ex‐FN), est tiré à quatre épingles face à deux jeunes gens.  Ce jour‐là, l’élu encadre les futures élites des droites conservatrices, dans cet institut hybride au croisement entre une business school et une école de sciences politiques. « Les étudiants doivent apprendre à tourner des vidéos », explique Patrick Louis, le coprésident du conseil scientifique qui s’improvise guide à la fin de son cours de géopolitique.

Il faudra à peine deux minutes pour effectuer le tour du propriétaire. A grandes enjambées, le secrétaire général du Mouvement pour la France (MPF), le parti en sommeil de Philippe de Villiers, passe devant deux petites salles de cours, un studio de media training et s’attarde dans une salle commune aseptisée. Au fond, une pièce inoccupée reste plongée dans le noir et fait office de débarras pour le moment, faute d’étudiants. En tout : 340 mètres carrés de surface.

Dans le couloir, la bibliothèque aux rayons clairsemés fait pâle figure. Pêle‐mêle, quelques ouvrages du royaliste antisémite Charles Maurras côtoient des livres sur Lénine ou Ronald Reagan. Le présentoir des revues affiche seulement des médias « amis » : l’hebdomadaire « libéral‐conservateur » Valeurs actuelles, le mensuel L’Incorrect financé notamment par l’homme d’affaires conservateur Charles Beigbeder, le magazine catholique traditionaliste La Nef ou encore le magazine Lyon People, dont le rédacteur en chef ne fait pas mystère de ses sympathies pour le mouvement royaliste, qui a offert un abonnement à la directrice de l’école.

Derrière les flashs médiatiques et les coups de com’, l’Issep manque de moyens. Créée en octobre 2017, l’école a ouvert ses portes en octobre 2018 mais n’a pas encore le statut d’établissement supérieur privé hors contrat. Ses diplômes ne peuvent pour l’instant pas être reconnus par l’Etat. Sans subventions possibles, l’école ne peut compter que sur les dons et les inscriptions des élèves. 

Dans cette association, qui prône une coalition des droites, les affaires se font en famille. Ici, on jongle entre business et politique, dans le contenu pédagogique comme dans le fonctionnement de l’école. Des royalistes aux membres du Rassemblement national en passant par les villiéristes, toutes les couleurs politiques d’extrême-droite sont représentées parmi les membres de l’association et du conseil scientifique. Certains dirigeants ont une double casquette d’homme politique et d’entrepreneur. Grâce à ce réseau, des entreprises essentiellement rhône‐alpines ont rejoint le club des partenaires …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 12 minutes

Favorite

Par Daphné Gastaldi / We Report

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif à atteint la moitié de l’objectif. Mais nous avons encore besoin de votre aide.
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes