A dix euros la tasse ou deux euros le stylo, c’est une affaire. Bien en vue, les produits dérivés attendent sagement des visiteurs à l’entrée de l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques (Issep), l’école dirigée par Marion Maréchal (ex‐Le Pen), dans le quartier de Confluence à Lyon. Le lieu est presque désert en cette fin de journée automnale. Derrière la vitre du studio média, Thibaut Monnier, le cofondateur de cette école privée hors contrat et conseiller régional Rassemblement National (RN, ex‐FN), est tiré à quatre épingles face à deux jeunes gens. Ce jour‐là, l’élu encadre les futures élites des droites conservatrices, dans cet institut hybride au croisement entre une business school et une école de sciences politiques. « Les étudiants doivent apprendre à tourner des vidéos », explique Patrick Louis, le coprésident du conseil scientifique qui s’improvise guide à la fin de son cours de géopolitique.
Il faudra à peine deux minutes pour effectuer le tour du propriétaire. A grandes enjambées, le secrétaire général du Mouvement pour la France (MPF), le parti en sommeil de Philippe de Villiers, passe devant deux petites salles de cours, un studio de media training et s’attarde dans une salle commune aseptisée. Au fond, une pièce inoccupée reste plongée dans le noir et fait office de débarras pour le moment, faute d’étudiants. En tout : 340 mètres carrés de surface.
Dans le couloir, la bibliothèque aux rayons clairsemés fait pâle figure. Pêle‐mêle, quelques ouvrages du royaliste antisémite Charles Maurras côtoient des livres sur Lénine ou Ronald Reagan. Le présentoir des revues affiche seulement des médias « amis » : l’hebdomadaire « libéral‐conservateur » Valeurs actuelles, le mensuel L’Incorrect financé notamment par l’homme d’affaires conservateur Charles Beigbeder, le magazine catholique traditionaliste La Nef ou encore le magazine Lyon People, dont le rédacteur en chef ne fait pas mystère de ses sympathies pour le mouvement royaliste, qui a offert un abonnement à la directrice de l’école.
Derrière les flashs médiatiques et les coups de com’, l’Issep manque de moyens. Créée en octobre 2017, l’école a ouvert ses portes en octobre 2018 mais n’a pas encore le statut d’établissement supérieur privé hors contrat. Ses diplômes ne peuvent pour l’instant pas être reconnus par l’Etat. Sans subventions possibles, l’école ne peut compter que sur les dons et les inscriptions des élèves.
Dans cette association, qui prône une coalition des droites, les affaires se font en famille. Ici, on jongle entre business et politique, dans le contenu pédagogique comme dans le fonctionnement de l’école. Des royalistes aux membres du Rassemblement national en passant par les villiéristes, toutes les couleurs politiques d’extrême-droite sont représentées parmi les membres de l’association et du conseil scientifique. Certains dirigeants ont une double casquette d’homme politique et d’entrepreneur. Grâce à ce réseau, des entreprises essentiellement rhône‐alpines ont rejoint le club des partenaires …