Rue Neyret, à quelques mètres de la montée de la Grande‐Côte, dans le 1er arrondissement de Lyon. Cinq jeunes Africains attendent sous la pluie, à la porte du Centre de mise à l’abri et d’évaluation pour mineurs non accompagnés (CMAE) géré par l’association Forum réfugiés‐Cosi. Comme tous les jours ou presque, ils viennent demander le résultat de leur « évaluation ». Présumera‐t‐on – ou non – qu’ils ont moins de dix‐huit ans ? Ce ne sera pas pour aujourd’hui, leur annonce‐t‐on vers 16h30, sans les inviter à entrer.
Dans le groupe, Thomas* [les prénoms suivis d’un astérisque ont été modifiés], originaire de Guinée, lunettes de soleil polarisées sur le nez et ensemble de jogging aux couleurs de l’équipe de France de football – mais avec une seule étoile brodée. « Je suis venu il y a dix jours environ. Ils m’ont posé des questions pendant une heure. J’ai expliqué que j’avais dix‐sept ans puis ils m’ont demandé de partir, raconte‐t‐il. Depuis, je reviens tous les après‐midi en espérant savoir ce qu’ils ont pensé de mon évaluation. »
Cet entretien doit confirmer ou infirmer l’âge que les jeunes migrants annoncent avoir. L’enjeu est crucial. Vital même. Si leur minorité est reconnue, ils seront considérés par la France comme des enfants avant d’être des étrangers. A ce titre, ils pourront bénéficier de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), compétence des départements et donc de la Métropole sur le territoire du Grand Lyon, et reprendre leur scolarité. Sinon ? Ils ont toutes les chances d’être reconduits à la frontière.
Depuis un arrêté du 17 novembre 2016, l’évaluation de la minorité d’un migrant prévoit un accueil de cinq jours et un suivi pluridisciplinaire. A l’issue de cette période doit être émis un avis solide sur l’âge du jeune. Dans l’agglomération, la Métropole a confié cette mission à Forum réfugiés. Acteur local incontournable du secteur de l’humanitaire, l’association basée à Villeurbanne est reconnue pour ses actions d’accompagnement des réfugiés et des demandeurs d’asile. Mais en acceptant, dans le cadre d’un marché public, d’évaluer les « mineurs isolés étrangers » à la place de la collectivité, elle