Cyberharcèlement : la journaliste Julie Hainaut face à l’inertie de la justice

Depuis plus de deux ans, cette journaliste lyonnaise se bat pour obtenir justice après avoir subi une violente campagne de haine en ligne initiée en 2017. Ce 19 novembre, se tiendra le procès d’un des auteurs présumés de ce harcèlement. Mais l’affaire illustre les lacunes de la justice française contre ce type de délits.

TGI-Lyon
Le Tribunal de grande instance de Lyon où sera jugé un des harceleurs présumés de Julie Hainaut. Photo : N.Barriquand/Mediacités;

Que peut la justice contre une meute haineuse ? Pas grand‐chose, jusqu’à présent, dans le cas de Julie Hainaut. Depuis plus de deux ans, cette journaliste lyonnaise attend que les auteurs d’une vaste campagne de harcèlement en ligne à son encontre soient jugés. Mardi 19 novembre, l’un des participants à ce déferlement d’injures et de menaces comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Lyon. Un seul sur des centaines.

Pour Julie Hainaut, tout a commencé le 13 septembre 2017 par une banale critique publiée dans Le Petit Bulletin, hebdomadaire culturel lyonnais pour lequel elle travaille. Pour la rubrique « guide urbain », elle rédige un article sur un bar à rhum récemment ouvert, « Première plantation ». Les patrons de ce bistrot tendance y tiennent des propos douteux sur « l’époque coloniale ». Un « esprit à la cool », synonyme d’une « période sympathique » où l’on « savait recevoir », selon leurs mots.
Insultes, menaces de mort et de viol
Julie Hainaut s’en offusque dans sa chronique. L’info est reprise dans de nombreux médias locaux, puis nationaux. Les réseaux sociaux s’en emparent. La machine s’emballe. « Je m’attendais à ce que l’article initial fasse l’objet de commentaires. Mais je ne m’attendais absolument pas à ce déferlement de haine, se souvient la journaliste. Dénoncer des propos de cette teneur ne devrait pas être sujet à polémique. » Rapidement, des internautes s’en prennent à elle, mettent en cause la véracité des propos rapportés, pourtant enregistrés. « Ils n’étaient pas sur place, n’ont rien vu, rien entendu, mais ils “savent”», résume Julie Hainaut.

Trois jours plus tard, le site néo‐nazi democratieparticipative.biz, connu pour ses propos haineux, publie un article intitulé « Lyon, une pute à nègres féministe veut détruire un bar à rhum colonialiste, mobilisation ». Le texte s’accompagne de photos de Julie Hainaut, de vidéos d’Hitler et Goebbels, d’insultes et de menaces de viol et de mort d’une rare violence. Julie Hainaut y est – entre autres horreurs – traitée de « hyène puante » ou de « serpillière à foutre africain ». Son compte Twitter est inondé de messages, tout comme son adresse mail. Le site fait l’objet d’un signalement, ferme, puis renaît. Deux autres articles du même acabit sont publiés dans la foulée.

Julie Hainaut dépose trois plaintes contre X coup sur coup. Le 20 septembre, elle écrit une tribune …

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Par Mathieu Périsse

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