La perle rare, à quinze minutes de métro du centre de Lyon. Il y a quelques mois, Géraldine et son mari ont acheté un appartement dans le quartier des Gratte‐Ciel à Villeurbanne. Un T3, avec deux chambres, à quelques rues de l’avenue Henri Barbusse et des deux tours emblématiques qui en ornent l’entrée. De quoi satisfaire ce couple de trentenaires et leurs deux enfants. Attablée à la terrasse de la Brasserie du Théâtre, la jeune femme est intarissable sur « le côté village » de ce quartier « à taille humaine ». Mention spéciale pour les nombreux commerces : « On a même un magasin de jeux de sociétés, une poissonnerie, une épicerie bio », se réjouit‐elle.
Pour Géraldine, qui louait jusqu’à présent un appartement sur la Presqu’île, ce déménagement est un retour aux sources. « Ma mère a grandi aux Gratte‐Ciel dans les années 1960–70. Mais à l’époque c’était plus prolo », estime‐t‐elle. Aujourd’hui seule les briques d’une ancienne cheminée d’usine rappellent encore le passé industriel de Villeurbanne, deuxième ville du Grand Lyon, 20e commune la plus peuplée de France avec 150 000 habitants. Depuis, les ateliers ont fermé et les logements ouvriers attirent les Lyonnais poussés vers l’est par la hausse de l’immobilier. Avec ses deux salaires de traductrice et de fonctionnaire, le couple, s’en est tiré pour 260 000 euros. Presque une affaire !
Folie immobilière
« On a vu une bascule début 2017, estime Vanessa Georges, directrice de l’agence immobilière Orpi située à quelques mètres du bistrot. Avant cette date, les appartements partaient en moyenne au bout de trente‐sept jours. Aujourd’hui ils se vendent en moins de quatre. » Un marché à flux tendu qui se traduit par une explosion des prix. Près de 10% de hausse cette année. « C’est un peu la folie », admet la professionnelle. A l’image de ce T4 vendu 290 000 euros il y a un an et remis en vente aujourd’hui à 390 000 euros. Signe de cette fièvre immobilière, des acheteurs du très cossu 6e arrondissement commencent même à s’intéresser au quartier.
Mais si la frénésie immobilière, qui touche l’ensemble de Villeurbanne, est bien réelle, le processus de gentrification reste pour le moment limité. Et pour cause : le quartier affiche une forte densité de logements sociaux qui contribue à ralentir le phénomène.
Une spécificité héritée de l’histoire : créé de toute pièce dans les années 1930, en plein socialisme municipal triomphant, les Gratte‐Ciel ont été pensés dès l’origine comme une « cité idéale » à destination des classes populaires. Il s’agit alors pour Villeurbanne « la rouge » de marquer son indépendance vis‐à‐vis de Lyon la …